mercredi 28 janvier 2015

Fighting American de Jack Kirby et Joe Simon

Il y a quelques temps déjà, j'avais parlé de la campagne Ulule concernant le financement de l'édition intégrale de Fighting American. J'y avais naturellement pris part, aimant le travail de Simon et de Kirby, et surtout les comics old school.
Après s'être fait attendre un peu plus que prévu (mais la communication parfaite de Neofelis a facilement fait passer chose), j'ai finalement reçu mon précieux en fin d'année dernière. J'ai déguster la chose, et je peux donc aujourd'hui me lancer pour donner mon impression.

Ce recueil comprend l'intégrale des histoires de Fighting American, à savoir 27 au total, réalisées de1954 à 1955, puis en 1966 (pour un ultime arc).

Créé pour être le pendant de Captain American (œuvre de Kirby et Simon déjà !), Fighting America n'est pas un simple ersatz, bien au contraire. Déjà, il est l'un des premiers personnages à être "creator-owned", c'est à dire que les auteurs possèdent tous les droits de leur œuvre, alors que d'habitude, toutes les créations appartiennent à la maison d'édition. Ensuite, il est le fruit de deux génies du comics, donc, ça ne peut pas être mauvais.
Même si les premières histoires sont assez banales (si ce n'est le charme des comics des 50's), et se bornent à singer les histoires de superhéros de Marvel et de DC, Simon et Kirby vont bientôt avoir une idée de génie (encore une, me diez-vous) : glisser progressivement, histoire après histoire, vers la parodie et nous concocter un panthéon de superméchants tous plus délirants les uns que les autres (le summum étant atteint - à mon avis - avec Super Khakalovitch, dont je reparlerai un peu plus loin).

Johnny Flagg est présentateur télé - la Voix de l'Amérique - comme il se qualifie lui-même. Ne pouvant se battre physiquement contre la menace communiste, il s'oppose à elle avec ses mots. A la mort de son frère, qui lui était bâtit pur le contact, le gouvernement propose à Johnny d'être le cobaye d'un expérience qui pourrait changer sa vie et faire de lui le chantre de l'Amérique : transférer son esprit dans le corps de son défunt frère. Ainsi naît Fighting American, bientôt rejoint par son sidekick speedboy. A eux deux, ils vont déjouer tous les complots menaçant l'Amérique.

On sent vraiment que Simon et Kirby se sont amusés avec ce titre et leur déconnade est réellement communicative. Je ne vais pas parler de toutes les histoires, pour laisser un peu de suspense et de bonheur de la découverte aux personnes qui souhaiteraient acquérir ce volume, mais je vais parler de celles qui m'ont réellement fait sourire.
Dans "Z food", deux savants mettent au point un aliment miracle, capable de nourrir un homme d'une seule bouchée. Le seul problème - mais de taille ! - c'est que cette nourriture a des effets secondaires non maîtrisés : un concierge devient géant, un arriviste se transforme en Napoléon et deux espions communistes sont transformés en baudruches, car comme le dit Fighting American dans un éclat de rire, ceux-ci sont vides à l'intérieur (car étant acquis à la cause rouge) ! Du grand n'importe quoi bien jouissif.
Dans "L'opération Wolf", un playboy séduit toutes les riches et belles jeunes femmes pour leur extirper leur argent et le reverser à la cause rouge. A la fin, démasqué par Fighting American, il se retrouve dans les bras d'une horrible agent communiste, incapable de résister à son charme.
Dans "Super Khakalovitch", Fighting American et Speedboy se retrouvent aux prises avec le pire superhéros communiste que l'on puisse imaginer. Il vole comme Superman, mais en dansant le kazatchok., il porte des guenilles sur lesquelles on peut lire "Héros du Peuple" et surtout, il dégage une odeur nauséabonde (l'odeur du communisme ?) qui vainc tous ses ennemis. 
Lors de son affrontement avec Fighting American, il découvre le capitalisme grâce aux beaux vêtements de son adversaire et décide de laisser tomber le Kremlin. A la fin de l'histoire, il devient même professeur de danse et popularise le kazatchok aux Etats-Unis !
C'est la première fois que je ris en lisant un comics (en même temps, à la base ils ne sont pas fait pour ça) et à mon avis, cette histoire justifie à elle seule l'achat de ce livre.
Enfin, pour conclure ce recueil, "L'encreur fou", hommage des auteurs à leur encreur George Roussos, qui suite à un burn out décide de tuer Fighting American sur le papier, en encrant n'importe comment les histoires. Malheureusement pour lui, celui-ci débarque dans le monde réel et lui règle son compte. Du pur délire, un pur délice.

Je ne regrette absolument pas mon achat (qui soit dit en passant, était ma première participation à un crowfunding), bien au contraire. Il s'agit de la bande dessinée la plus réjouissante que j'ai lu  depuis bien longtemps (depuis Tom et William de Laurent Lefeuvre pour être franc). Tout y est bon : les dessins du King, les scénarios incroyablement festifs de Simon, l'ambiance de Maccarthysme à la sauce pouet-pouet et les superméchants complètement déjantés. Du grand art !
Merci Neofelis pour avoir pris le risque d'éditer Fighting American, qui s'avère être un chef d’œuvre, ni plus ni moins.


Note : 17/20

Fighting American de Jack Kirby et Joe Simon
Neofelis Editions / 2014
ISBN :  979-10-90314-04-7
208 p. / 25€

Il en reste encore quelques exemplaires sur le site de Neofelis, donc n'hésitez pas. Foncez !

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