Je voulais attendre la sortie des trois tomes de cette
autobiographie avant de m’y mettre, mais après avoir tenu 8 mois, j’ai craqué.
Le plus, c’est que comme ça, j’aurai toujours en mémoire l’histoire, dans deux
mois quand sortira le tome 2. Le moins, c’est que j’ai envie de lire la suite…
tout de suite ! Je pense donc relire « Opération Mort » version
romancée des souvenirs guerre de Shigeru
Mizuki.
Dans ce premier volume, l’auteur de Kitaro le repoussant
raconte sa vie depuis sa naissance (deuxième garçon d’une fratrie de trois, au
sein d’une famille unie, même si son père semblait être un doux rêveur porté
sur la fainéantise) à son départ pour le front, sur une île du Pacifique.
On y découvre donc un Mizuki rêveur, qui est marqué dès son
plus jeune âge par les histoires de yokai (les esprits et monstres de la
tradition japonaise) par sa nourrice NonNonBâ (ça me donne d’ailleurs envie de
relire ce superbe album !) et qui à l’école et aux leçons, préférait la
flânerie, la nourriture et la bagarre.
Devenu adulte, il aura de mal à trouver un emploi stable, vu
qu’il se fera virer plus d’une fois à cause de sa nonchalance et de sa tendance
à glandouiller. Son départ pour l’armée ne changera rien à sa personnalité et
il se fera tabasser plus que de raison par ses supérieurs.
Ce qui est très intéressant dans cette autobiographie, c’est
la dimension sociale et historique. Celle-ci nous permet de rentrer dans le
quotidien d’une famille japonaise moyenne de l’ère Showa (1926-1989). Les notes
de fin d’ouvrage permettent d’approfondir tout ça. Dans cet album, Mizuki a
repris des pages entières de NonNonBâ, parce qu’il jugeait celles-ci sincères
et non romancées. Le ton du tome étant le même que celui de ces pages, cela ne
se remarque pas vraiment.
De plus, cette autobiographie permet vraiment de saisir
(comme avait pu le faire NonNonBâ) d’où viennent les thèmes de prédilection de Mizuki. Il se
met d’ailleurs en scène et fait intervenir
Ratichon, le comparse de Kitaro, sans qu’on sache très bien s’il s’agit de
l’auteur lui-même, de Ratichon, ou d’un double de Mizuki comme pour brouiller les
pistes et se demander si finalement, Mizuki n’était pas déjà sincère en
dessinant Kitaro. Cela lui permet aussi de prendre un peu de distance avec sa
propre histoire et surtout d’établir un
lien très fort entre ses différentes œuvres.
Je dirai que le seul bémol de cet album, c’est le style très
(trop) « Mizukien » (visages
très caricaturaux, posés sur des décors quasi photographiques qui peut rebuter
les nouveaux lecteurs. Mais pour les amateurs, c’est juste indispensable !
Vie de Mizuki Tome 1 : L’enfant de Shigeru Mizuki
Editions Cornélius / Pierre / 2012
ISBN : 978-2360810444
500 p. / 33,50€
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire