Il y a un peu plus d'un an, j'avais parlé du volume 1 de cette anthologie d'American Splendor et de tout le bien que j'en avais pensé. J'avais dans l'idée d'enchaîner les trois volumes de cette anthologie à la suite. Malheureusement, je n'ai pas pu le faire, et c'est seulement maintenant que j'ai pu lire ce deuxième tome.
Celui-ci regroupe 28 histoires parues de 1983 à 1991, période de transition pour Harvey Pekar : crise de la quarantaine, divorce, nouveau mariage, mais également petite notoriété grâce à son passage dans Late Night with David Letterman.
Comme toujours avec Pekar, celui-ci se sert de son expérience personnelle, de sa vie quotidienne d'archiviste dans un hôpital public, pour décrire un autre versant de l'Amérique, celui des classes moyennes.
Dans ce volume, j'ai beaucoup apprécié les histoires suivantes :
- J'aurai 43 ans vendredi, dessinée par Gerry Shamray. Harvey Pekar y fait un bilan de sa vie à ce moment-là : ce qu'il a fait, ce qu'il va faire et ce qu'il lui reste à faire. L'histoire est très émouvant et prenante, mais sans tomber dans le pathos.
- Violence, dessinée par Val Mayerick. Pekar raconte qu'il a toujours su se faire respecter depuis tout petit, y compris en se battant lorsque cela était nécessaire. Mais un jour, il s'est fait braquer et détrousser en compagnie de sa femme et il n'a pas pu réagir. Il culpabilise d'avoir été raisonnable.
- Jack Dickens' comic kingdom, dessinée par Frank Stack. Harvey Pekar y relate une séance de dédicace qui tourne au fiasco. Pourtant, le gérant de la librairie qui l'a invité s'excuse qu'il n'y ait eu qu'un seul vendeur.
Ces trois-là sont les histoires qui m'ont le plus plu. Pour autant, cela ne veut pas dire que les autres ne sont pas intéressantes, loin de là. Encore une fois ça et là a réaliser un formidable travail de traduction et sélection des histoires, même si je dois avouer que j'ai eu un peu de mal à me remettre dans le bain et dans l'ambiance avec la première histoire, un tantinet trop longue. Heureusement, dès la deuxième (J'aurai 43 ans vendredi), tout est reparti.
Dans ce volume, j'ai beaucoup apprécié le travail de Gerry Shamray, dont les dessins semblent être pris sur le vif, comme des photos, et laissant une grande place au blanc de la feuille, sans que cela ne fasse trop "vide" pour autant. J'ai aussi beaucoup aimé le trait de Rebecca Huntington, très "photoréaliste", ainsi que celui de Gary Dumm, au trait plus comics, mais qui se prête parfaitement aux histoires de Pekar.
J'ai aussi bien apprécié le travail de Carole Sobocinski qui parodie le style de Maus d'Art Spiegelman.
Par contre, j'ai eu beaucoup de mal avec le style de Frank Stack, trop "dessin de presse" à mon goût. Je trouve que celui-ci ne se prête pas du tout au style de récit de Harvey Pekar. Les corps et les visages ne sont pas aboutis et sont trop "souples". Ce qui est très dommage, car les scénarios qu'il illustre sont vraiment bon.
A noter qu'Alan Moore, qui était ami avec Harvey Pekar illustre également une histoire dans ce volume. Je n'ai pas vraiment accroché ni au style ni au scénario, mais cela reste une curiosité à mon avis.
Sans être la hauteur du premier volume (sans doute que l'effet nouveauté ne marchait plus pour moi), ce deuxième opus d'American Splendor, reste quand même de très bonne facture : il s'agit quand même d'un monument de culture underground américaine. Les histoires traitant de sa participation au Late Night with David Letterman sont vraiment très intéressantes, car elles permettent de voir l'envers du décor de la machine médiatique américaine. De plus, le fait que Harvey Pekar y parle un peu plus de ses origines et sa judaïcité apporte une autre dimension au personnage, ce qui le rend encore plus attachant. Je me lance tout de suite dans la lecture du dernier volume !
Note : 14/20
American Splendor Volume 2 de Harvey Pekar et alii
Editions çà et là / 2010
ISBN : 978-2-916207-42-1
204 p. / 20,30€
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