vendredi 13 mars 2015

Le petit bleu de la côte ouest de Jean-Patrick Manchette

Après "La position du tireur couché", je continue ma redécouverte de l’œuvre de Jean-Patrick Manchette, avec cette fois-ci, le mythique "Petit bleu de la côte ouest".
Lors de ma première lecture, qui m'avait enthousiasmé, je n'avais retenu que la fuite du protagoniste et sa combattivité qui lui permettait de survivre, alors qu'il n'était qu'un col blanc bien installé dans la vie. Aujourd'hui, après cette seconde lecture, ce qui m'a le plus marqué, c'est la crise de la quarantaine de Gerfaut, le "héros" du livre, alors que celle-ci m'était complètement passé au-dessus de la tête à l'époque. Peut-être est-ce parce que je me rapproche de ce cap moi-même (Warning ! Psychologie de bazar inside !) ?

Georges Gerfaut est un homme qui a réussi. Il est marié, a deux enfants, un superbe appartement et est cadre commercial chez ITT. Il sent néanmoins que la dépression le guette, à cause de la platitude de sa vie. En rentrant de l'un des ses déplacements professionnel, il découvre un homme agonisant au bord de la route. Il lui porte secours et le dépose à l'hôpital le plus proche. Et c'est là que sa vie bascule. En effet, peu de temps après, alors qu'il est en vacances avec sa famille, deux hommes essayent de le noyer. Gerfaut décide alors de fuir. Les tueurs et surtout sa vie trop bien rangée. Pour, espère-t-il, découvrir la vérité...

Ici encore, Manchette ne s'embête pas à décrire les réflexions de ces personnages. Ceux-ci se définissent uniquement par leurs actions. Gerfaut ne sait pas où il va et pourquoi il y va. Gerfaut est perdu. Il ne sait pas pourquoi tout cela lui arrive à lui qui a une vie si pépère. Et par conséquent, nous non plus. Manchette décrit un homme au bord de la dépression, en pleine crise existentielle et réussit en quelques mots phrases à nous faire ressentir ce mal-être.
"Un de ces jours, dit-il, je vais devenir subitement fou et tu ne t’en apercevras même pas." Cette phrase résume à merveille l'état d'esprit de Gerfaut au début du roman. Il sent qu'il peut (ou veut inconsciemment) à tout moment perdre pied.

On peut presque dire que ce livre est l'équivalent d'un road movie, où le voyage est plus important que le but de celui-ci, le comment plus que le pourquoi. Et on se plait à suivre Gerfaut dans sa fuite en avant. Celui-ci ayant, en plus, d'une volonté à toute épreuve qu'on ne lui aurait pas prêter au début, une poisse assez énorme. Il tombe de Charybde en Scylla, et quand on pense qu'il ne peut rien lui arriver de pire, il chute encore plus bas. Mais se relève toujours.

Un roman qui va au-delà du roman noir ou du polar. Qui se lit très vite, mais qui ne s'oublie pas. Culte. Tout simplement.


Note : 17/20

Le petit bleu de la côte ouest de Jean-Patrick Manchette
Folio / Folio Policier
ISBN : 978-2070456659
192 p. / 6,40€

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