Aujourd'hui, pas de bande dessinée, mais un roman - policier ou plutôt polar - pour changer un peu et varier les plaisirs.
Ça faisait presque un an que je n'avais pas parlé de mes lectures, depuis le très prenant "Le Club" de Michel Pagel - plus par manque de temps que par manque d'envie. Alors pourquoi reprendre avec ce "classique" ?
Sans doute parce que j'ai découvert Nestor Burma avec l'adaptation de Tardi de "Brouillard au Pont de Tolbiac" il y a très longtemps et que depuis dès que je tombe sur un roman des Nouveaux Mystères de Paris, je le lis avec un plaisir non dissimulé.
Alors que la capitale étouffe sous un été caniculaire, un ancien truand du nom de Ferrand téléphone à Nestor Burma. Il lui demande de venir le rejoindre dans un bar du XIVème arrondissement, mais vêtu comme un clochard et de faire comme s'ils ne se connaissaient pas - alors qu'ils ont été détenus ensemble au stalag pendant la guerre. Après lui avoir donné un autre rendez-vous plus tard, Ferrand révèle à Nestor Burma qu'il a besoin de lui pour un "coup" honnête, pouvant rapporter des millions. Il lui apprend aussi qu'il fait partie des "Rats de Montsouris".
Dans le même temps, un ancien juge déchu pour acte de collaboration prend contact avec le détective parce qu'il est victime d'une affaire de chantage de la part d'un certain... Ferrand.
L'affaire prend une tournure encore plus intrigante - et intéressante - pour Burma, quand Ferrand se fait égorger et que la coupable semble être une rousse incendiaire - muse d'un artiste peintre...
J'ai eu l'impression en lisant le livre qu'il y avait trois temps : j'ai trouvé le début du livre vraiment passionnant, avec les deux affaires - plus celle des "Rats de Montsouris" - qui s'entremêlent alors qu'elles ne semblent, dans un premier temps, ne rien avoir en commun. Les événements et les découvertes s’enchaînent rapidement, jusqu'au meurtre de Ferrand, puis le rythme se ralenti lors de la "traque" de celle qui semble être la coupable idéale, avant de reprendre de plus belle lors de la dernière partie.
Ce qui fait que, tout en ayant en filigrane les cambriolages des Rats et l'affaire de chantage, on a l'impression dans la dernière partie, de lire une toute autre histoire que celle du début.
Après, avec le recul et pour chipoter un peu, je pourrais presque dire que l'intrigue est un peu vide puisque nous ne saurons pas grand chose, ni sur ces fameux rats de Montsouris, ni sur ce qui sera véritablement l'affaire qui occupera Burma à la fin - à savoir le vol des perles Lascève avant guerre.
Ensuite, les propos un peu "raw" comme dirait Jean-Claude Van Damme à propos des immigrés maghrébins pourraient passer par rapport à l'âge du récit (1955), si l'auteur n'avait pas eu tendance a un peu dérapé sur ce sujet vers la fin de sa vie...
Quoiqu'il en soit, et comme toujours avec Léo Malet, l'écriture est très fluide et surtout très rythmée. Le tout avec une vraie verve et des expressions qui fleurent bon les années 50. Mais ce qui est vraiment marquant dans cette histoire de Burma, c'est le côté surréaliste* - dans le sens artistique du terme - avec dans un premier temps le drôle de buste qui semble être un simili macguffin, puis surtout les poèmes de Castellenot, l'ancien truand qui est interné à Saint-Anne depuis la fin de la guerre. Ces derniers donne d'ailleurs à la dernière partie du livre une atmosphère très particulière. Et rien que pour ça, le livre vaut d'être lu.
Enfin, vu que l'histoire se déroule dans le XIVème - arrondissement cher à mon cœur, déambuler dans celui-ci avec l'ami Nestor (tu permets que je te tutoies et que je t'appelle Nestor ?) dans des rues et des endroits qui ont bercés mon enfance a été très agréable. Même si certains ont changés, ils sont toujours là pour la plupart, à commencer par le protagoniste principal : le réservoir de Montsouris et les images même anachroniques n'ont eu aucun mal à se former dans ma tête lors de la lecture.
En conclusion, j'ai vraiment passé un très bon moment avec Nestor Burma à me promener dans le XIVème arrondissement, à la recherche d'une jolie rousse, puis d'un tas de perles. J'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver les tournures phrases et les expressions si particulière de Léo Malet. "Les rats de Montsouris" est un bon livre, mais qui à mon avis vaut plus pour le côté surréaliste de sa fin que pour son côté polar, et qui est loin d'atteindre les sommets du Brouillard au Pont de Tolbiac qui sortira quelques années plus tard.
Note: 14/20
Les Rats de Montsouris de Léo Malet
Pocket / 2010 (mais récit de 1955)
ISBN : 978-2-266-20203-9
201 p. / 6.95€
* Léo Malet a été lié au mouvement surréaliste dans sa jeunesse et a surtout écrit... de la poésie.
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