mardi 11 avril 2017

Centaur Chronicles de Jean-Michel Ferragatti, Marti, Reedman & alii

Il y a quelque temps de cela, j'avais participé au financement participatif concernant ce projet à la fois intriguant, attirant et passionnant : Centaur Chronicles. Intriguant, car je me demandais comment Jean-Michel Ferragatti allait procéder pour faire cohabiter les histoires originales des personnages de cette antique écurie et celles qu'il avait en tête. Attirant, car je suis très fan des superhéros oubliés et des comics de cette époque. Passionnant, enfin, car l'auteur ce faisait fort, en plus de faire renaître ces personnages, de mêler la fiction à la réalité pour expliquer la disparition de ces êtres. Tout un programme qui m'a tellement enthousiasmé que j'ai foncé tête baissée.

Avant de parler de l'ouvrage en question, il convient de faire un rapide topo de cet éditeur de comics du golden age à l'existence très courte, mais qui a vu défiler de nombreux artistes de premier rang, et vu naître des personnages assez intéressants - dont le plus connu est certainement Amazing Man, création de Bill Everett (père - entre autres - du Submariner et de Daredevil).
Centaur Publications a donc commencé son aventure éditoriale en 1933 - même si elle ne prendra son nom définitif qu'en 1938. Il s'agit au départ d'une structure spécialisée dans le pulp. En 1936, elle cherche à se diversifier et mettre un pied dans le marché des comics. Pour cela elle rachète les quatre d'une autre compagnie éphémère. L'aventure dans les comics durera 4 ans jusqu'en 1942, puis Centaur Publications fermera ses portes, la faute à une très mauvaise distribution qui aura raison de la société.

New-York, 1959. Une énorme explosion pulvérise un étage entier d'un gratte-ciel, coûtant la vie au Magician from Mars, un superhéros des années 40. Sentant que cet événement est tout, sauf un accident, les superhéros de l'écurie Centaur vont être amenés à sortir de leur retraite forcée dans laquelle ils se morfondent - pour certains - ou se complaisent. Ils vont de nouveau se réunir et chercher qui leur veut du mal - car ils en sont persuadés, le Magician from Mars n'est que le premier de la liste...

Quand on participe à ce genre de projet, on a toujours un peu peur du résultat final - même si connaissant la qualité du travail de Jean-Michel Ferragatti, je savais quand même où je mettais les pieds. Je tiens donc à souligner la très bonne qualité de l'ensemble de l'ouvrage.

Le scénario signé Jean-Michel Ferragatti est une vraie réussite. Il arrive parfaitement à jouer avec les différentes époques : les années 50/60 pour les nouvelles histoires et les années 40 pour les originales, ainsi qu'à entremêler les différentes réalités : celle des comics Centaur et la nôtre bien que légèrement déformée et qui pourrait s'apparenter à une uchronie. 
La trame principale de l'histoire se situe à la fin des années 50, et est entrecoupée de flashbacks relatant les faits de la fin des années 40, ainsi que par les épisodes originaux, qui permettent de découvrir les origines des héros et de se familiariser avec eux.
Cette structure narrative peut paraître un peu complexe expliquée ici, mais lors de la lecture, tout est très fluide et s’enchaîne sans aucun problème. Du grand art !

Les dessins de Marti sont clairement à la hauteur du projet. La mise en page dynamique de ses planches est vraiment attractive et contraste - tout en complétant - les "gaufriers" des pages classiques. Son trait est à la fois énergique, clair et efficace. Il réussit également le tour de force de produire sa propre vision des personnages, de les moderniser, tout en restant fidèle au modèle de départ. On sent qu'il a su s'approprier ce projet, ce qui est pourtant loin d'être simple. Superbe !

Il faut également souligner l'excellent travail de Reedman (le "boss" d'Organic Comix) qui était en charge à la fois de la colorisation des nouveaux épisodes et de la restauration des planches d'origine. Les deux choses sont juste parfaites et participent pleinement à la réussite de cet opus.

Enfin, l'objet en lui-même est vraiment de très (très) bonne qualité, avec une couverture cartonnée bien solide, une reliure qui tient vraiment la route et du papier glacé de très bonne facture (et qui n'est pas trop glacé non plus, ce qui empêche que la lumière ne se reflète trop dessus, ce qui permet d'avoir un bon confort de lecture). On en a vraiment pour notre argent.

Avant de conclure, je vais faire mon chipoteur en indiquant qu'une grosse coquille est présente en page 6 où l'on a le droit à un Magician form Mars. Rien de bien méchant, mais vu qu'il s'agit de la première page de l'histoire, c'est un peu dommage.

En tout cas, On a entre les mains une œuvre très intéressante dans le fonds et la forme et inutile de vous dire que  j'attends le tome 2 avec énormément d'impatience.

Note : 17/20


Vous pouvez vous procurer ce premier tome de Centaur Chronicles sur le site qui lui est dédié. Comptez 19,90€ + 7€ de fdp. N'hésitez pas, foncez !

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