On commence ce mois de septembre comme on a fini celui d'août, par la traditionnelle chronique du dernier des mohicans des petits formats : Cap'tain Swing. Je suis donc cette fois-ci dans les temps et vous ne devriez donc plus entendre parler du capitaine à toque de blaireau avant un mois.
L'épisode du mois a pour titre "La fosse de l'épouvante". Sir Humbert est un cruel gouverneur anglais. Son pêché mignon est de jeter les rebelles américains qu'il capture dans une fosse pleine de loups affamés. Brigham, l'un des Loups de l'Ontario de Cap'tain Swing a réussi à s'évader avant de subir ce sort atroce. Titubant dans les bois, il finit par rencontrer Swing et lui raconter son horrible histoire. Swing décide qu'il est temps de donner une bonne leçon à Sir Humbert. Se rendant seul dans le fort anglais, il échappe finalement de peu aux habits rouges. Le gouverneur met alors sa tête à prix, ce qui attire quelques personnages de sacs et de cordes, dont le dangereux Lucky Hand. Dans le même temps, Swing prépare un plan avec l'aide de Hibou Lugubre, Mister Bluff et tous les Loups de l'Ontario pour mettre un terme aux agissements de Sir Humbert. Dans leur combat, ils pourront compter sur Rafferty, une nouvelle recrue très appliquée et très qualifiée, au passé un peu trouble...
J'ai trouvé cette histoire très intéressante à plus d'un titre. Tout d'abord, j'ai trouvé que le déroulement de celle-ci changeait par rapport aux autres histoires de Swing que j'ai pu lire jusqu'à aujourd'hui. En effet l’ellipse du début, avec l'évasion de Brigham est beaucoup plus importante que ce à quoi nous sommes habitués avec Swing. Je me suis même demandé si ce Brigham n'était pas de mèche avec les godons et que le scénariste passait sous silence cet épisode pour maintenir le suspense.
Je l'ai également trouvé différente car, jusqu'au dernier moment, on ne sait sur quel pied danser avec le personnage Rafferty. Ce suspense (et les doutes afférents à sa véritable identité) jusqu'au dénouement de l'intrigue est particulièrement bien géré. Et la fin n'en est que plus surprenante.
Les personnages de Lucky Hand, de Sir Humbert et surtout de Rafferty amènent un vrai plus à l'histoire. Rafferty est plus qu'un second couteau et, comme dit plus haut, il est difficile de savoir qui il est réellement et ce qu'il veut. D'autant plus que, contrairement aux autres personnages "troubles", il n'a pas une sale gueule (indice pourtant très important dans Swing où sale gueule = méchant).
En parlant de "gueule", le dessinateur a encore une fois fait très fort avec les ganaches des méchants (l’acolyte de Lucky Hand avec les grandes dents est particulièrement gratiné). Ces personnages pas du tout lisses collent parfaitement à l'ambiance de l'époque et à l'atmosphère du récit établissant en plus un contraste saisissant avec le visage presque poupin de notre bon vieux capitaine.
Pour ce qui est du reste des dessins, nous avons - comme d'habitude - affaire à un travail efficace et vivant, même si beaucoup moins esthétisant que celui réalisé sur Ivanhoé (j'y reviendrai plus loin). En y regardant bien, il y a quelques cases qui sont un peu moins réussies que d'autres, mais la fluidité et l'intensité du récit sont telles que nous avons juste envie de tourner les pages pour connaître la suite des aventures des Loups de l'Ontario. Signe que cela n'est absolument pas gênant.
L'aventure d'Ivanhoé de ce numéro 293 s'intitule "Le miracle de Limerick". Le shérif de Nottingham, Guy de Guisborne est tombé en disgrâce auprès du roi Jean. Pour retourner dans les petits papiers du souverain, il va devoir intensifier la lutte contre les rebelles saxons. Pour cela, il proclame un édit qui interdit à tous les saxons de pêcher dans les eaux du territoire de Nottingham. Les normands menés par Mullbar en profitent donc pour tuer ou emprisonner les saxons qu'ils croisent, Ivanhoé, Robin et leurs outlaws arrivant malheureusement toujours après la bataille. Lorsque Frère Tuck est arrêté et torturé par Guisborne, Ivanhoé voit rouge et décide de mettre un terme définitif à l'affaire. Pour cela, il va mettre au point un stratagème : faire croire que des poissons de mer ont été pêchés dans un étang. Ceux-ci n'étant pas des poissons d'eau douce, ils ne tombent normalement pas sous le coup de l'édit. Grâce au vieux Scratch, un saxon à la langue bien pendue, le shérif et ses hommes vont être emmenés sur le bord de l'étang où s'est produit ce "miracle" et où Ivanhoé et ses compagnons leur ont tendu un piège...
Après la déconvenue du numéro précédent et ce changement graphique catastrophique, j'ai été soulagé de voir que tout était revenu à la normale avec cette histoire. Je me suis donc plongé avec beaucoup de plaisir dans ce nouvel affrontement entre Ivanhoé et le shérif de Nottingham.
Comme pour les précédents numéros (sauf celui du mois dernier donc), les dessins sont vraiment magnifiques, que ce soit les décors (assez discrets mais très efficaces), les chevaux (qui ressemble à des chevaux), et surtout les visages qui sont vraiment exceptionnels. Le trait est fin comme cela doit l'être sur cette série, et non pas gras (voire grossier) comme cela a été le cas le mois dernier. Ce côté très esthétisant et un peu rigide qui m'interpellait au début (car très daté) est finalement l'un des côtés de cette série que j'apprécie le plus...
J'ai été d'autant plus content que j'ai trouvé le scénario de cette aventure très dense et surtout très rythmé. Il se passe énormément de choses, mais la fin n'est pas bâclée comme cela a pu être le cas parfois. Il y a beaucoup de rebondissements (en tout cas plus qu'à l'accoutumé) et l'intervention de personnages secondaires tels que l'horrible Mullbar ou le rusé Scratch est un plus vraiment appréciable.
Bref, la série est revenue au niveau qu'elle n'aurait pas dû quitter et j'espère que le mauvais tour du mois dernier ne se reproduira plus !
Comme de coutume, l'imprimé contient 10% de rédactionnel, qui se présente sous la forme - ce mois-ci - de la seconde partie du dossier sur les Iroquois et de la première de celui sur les Algonquins. Étant donné qu'il s'agit de simples copier / coller du wikipédia, cela n'a malheureusement guère d'intérêt.
Enfin, en troisième de couverture, nous retrouvons nos traditionnels strips humoristiques, avec cette fois-ci Jestopsen et Tom Kuss de Dominik Vallet et Jo Hell. Sympathiques comme toujours, mais sans plus.
En conclusion, je peux dire que j'ai beaucoup apprécié ce numéro avec une histoire de Swing un peu atypique dans le déroulé et une aventure d'Ivanhoé qui est de nouveau au top, grâce au retour du dessinateur habituel. Donc comme d'habitude, un bon moment de lecture et de détente, fleurant bon la nostalgie d'une époque révolue où les petits formats abondaient sur les étals (ou étaux) bien achalandés des marchands de journaux... Vivement le mois prochain !
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