Entre deux revues de comics, j'ai relu "La vie est belle malgré tout" de Seth. Lorsque j'ai acheté ce livre, en 2002, je ne connaissais pas du tout cet auteur canadien. Ce qui m'avait attiré avant tout ici, c'était le titre. J'avais ensuite feuilleté le bouzin, et le graphisme (trait, noir et blanc, aplats bleu/vert) m'avait vraiment emballé (et m'emballe toujours autant). Pour ce qui est de l'histoire et de la narration, j'avais été un peu plus mitigé, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, sans doute parce que je connait mieux l’œuvre de Seth.
Seth déprime et même un séjour dans le confort nostalgique (et donc rassurant) de la maison familiale n'y fait rien. Il a du mal à trouver les gens intéressants, et il se remet (très difficilement) de sa rupture amoureuse. Grand collectionneur de vieux magazines, découvre par hasard un jour, dans un numéro du New Yorker, un dessin signé "Kalo". Bien qu'il est une bonne connaissance de nombre de dessinateurs du temps jadis, ce pseudonyme ne lui dit rien du tout. Pourtant, il trouve le trait de ce dessinateur absolument génial, et s'il a publié dans la fameuse revue, il ne peut pas avoir disparu du jour au lendemain. Il décide donc de partir à sa recherche, d'abord à travers d'autres dessins, puis après avoir trouvé quelques pistes, sur le terrain.
J'ai beaucoup aimé le côté "quête" de l'histoire. Qu'à partir de presque rien, il décide de partir à la recherche de ce dessinateur inconnu sur la base d'un dessin. J'ai adoré suivre avec lui les ébauches de pistes, les impasses, et finalement, découvrir... pas grand chose, ce qui rend cette quête aussi vaine qu'intéressante.
Ce qui est très bon aussi, c'est de nous mettre à la fin de l'ouvrage les différents dessins de Kalo et quelques photos. A la première lecture, je me souviens m'être dit que je comprenais très bien pourquoi Seth trouvait le trait de Kalo parfait, tellement il était proche du sien, tout en étant très marqué 50's. Je m'étais aussi dit que même si "La vie est belle malgré tout" semblait autobiographique, cela pouvait être aussi très romancé (et je m'attendais même à ce que Kalo soit le père de Seth !) et Kalo une simple invention. Quelques années plus tard, une recherche sur internet m'a confirmé mon intuition, mais c'était tellement bien fait, que même si j'ai eu des doutes, j'ai adoré tomber dans le panneau.
Le style un peu statique de Seth, m'avait, à la longue, un peu lassé. Aujourd'hui, je trouve encore que certaines cases sont très bof bof (statiques et un peu ennuyeuses à regarder). Mais cela m'a aussi donné de lire plus de titres de cet auteur, car j'ai senti qu'il y pouvait y avoir de très bonnes choses. Intuition, qui pour une fois, c'est confirmé plus tard avec "Wimbledon Green" et plus encore avec "La Confrérie des Cartoonist du Grand Nord". Ce dernier nous présente d'ailleurs aussi des dessinateurs imaginaires, mais de manière tellement convaincante, qu'on a envie de lire leur BD même si l'ont sait qu'elles n'existent pas (une sorte de Comics Nécronomicon !). Par cet aspect, "La vie est belle malgré tout"est une sorte d'ébauche des œuvres suivantes de Seth, et c'est ce qui, pour moi, représente tout l'intérêt de cet album !
La vie est belle malgré tout de Seth
Les Humanoïdes Associés / Tohu Bohu / 1999
ISBN : 2-7316-1305-X
165 p.
NB : L'ouvrage est ressorti en 2009 chez Delcourt, mais je n'ai pas eu l'occasion de le feuilleter...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire