Lune l'envers de Blutch

Une petite pause bd française entre deux comics et trois manga. J'ai découvert Blutch dans Fluide Glacial il y a bien longtemps, puisque j'ai eu la chance d'y lire sa première histoire publiée. Puis sont venus Johnny Staccato, Mademoiselle Sunnymoon, et autres Blotch et Petit Christian (en plus de son travail publié chez Cornélius - encore eux ! - ou l'Association). Autant que j'étais assez fan de son trait et de son univers. Puis il est parti de Fluide pour diverses raisons, et là, j'ai un peu commencé à décrocher. J'ai continué à acheter ses bouquins, mais je dois avouer qu'ils sont devenus un peu trop hermétiques à mon goût, comme s'il racontait des rêves ou faisait de l'écriture automatique.

"Lune l'envers" ne déroge pas à la (nouvelle) règle, mais pour la première fois depuis longtemps avec Blutch, j'ai été absorbé par l'histoire.

Dans un futur onirique, la bande dessinée est le moteur de l'économie mondiale (et donc produit à la chaîne), et "Le Nouveau Nouveau Testament", son essence. Lantz en est l'auteur, mais depuis quelques temps, il n'arrive plus à fournir de suite à son chef d’œuvre et se sent dépassé par tout, aussi bien sa vie professionnelle que sa vie privée (il collectionne les maîtresses et ne s'entend plus avec sa femme). Son éditeur décide donc de lui trouver un successeur, plus jeune, plus créatif et surtout plus réactif.

Liebling, elle, est une jeune artiste qui se rend à son premier jour de travail, chez l'éditeur du "Nouveau Nouveau Testament". Là, sans aucune explication, on l’installe sur une drôle de machine, dans laquelle elle doit glisser les mains et servant à créer les bd.

Ce que j'ai vraiment aimé c'est l'intrigue où l'espace et le temps se percutent et se rencontrent, comme si cela était totalement naturel. Cela m'a fait penser aux films de David Lynch, où une fois que j'ai compris que je ne comprendrais pas, je me laisse bercer par le déroulement des images.

J'ai bien aimé aussi la petite pique envers la production de bd actuelle, où des maisons d'édition sortent des pelletées d'albums sans aucun intérêt, et juste bons à être offert à noël ou aux anniversaires, par des gens n'y connaissant pas grand chose, mais voulant faire plaisir ("tiens, je t'ai acheté le dernier X").

Les petites choses totalement improbables, comme les troncs ou les toutous qui remplacent les taxis participent à l'atmosphère onirique de la chose.

Par contre, je n'ai pas du tout accroché à la mise en couleur, un peu trop 70's à mon goût, mais qui s'accordent parfaitement à l'atmosphère de l'histoire, qui semble se passer dans un futur un peu ancien (sic!).

Note : 13/20

Lune l'envers de Blutch

Dargaud / 2013

ISBN : 978-2205069983

56 p. / 14,99€