Après le très agréable recueil de nouvelles de Danny Mienski, "Les temps maudits", je poursuis ma découverte du catalogue des Éditions Ex Æquo. Aujourd'hui, je vais donc vous parler du thriller fantastique "Le 2 d'octobre", signé J.M. Pen. Qui, autant le dire tout de suite, s'est révélé être une très bonne surprise.
Antoine Remington avait deux ans quand il a perdu sa mère un 2 octobre dans un étrange accident de voiture provoqué par son père Charles. Des années plus tard, suite à l'entrée de celui-ci en maison de retraite, Antoine revient vivre dans la maison familiale. Alors qu'il l'a remet petit à petit en état, il découvre un jour le portrait d'une jeune femme ressemblant étrangement à sa mère, mais peint au XIXème siècle. À partir de ce moment-là, Antoine va essayer de reconstituer son histoire familiale, faite de non-dits et de troublants secrets. Plus étrange encore, tous les 2 octobre, date anniversaire de la mort de sa mère, il va (re)vivre des événements impliquant différents ancêtres que ce soit lors du siège d'Harfleur en 1415, durant la Révolution Française ou encore la Seconde Guerre mondiale...
Comme je l'indiquais plus haut, j'ai donc été vraiment emballé par ce thriller qui se lit d'une traite. Les ingrédients principaux, à savoir, le suspense, les voyages dans le temps, la quête d'identité du protagoniste, les secrets de famille et la part d'ombre de chaque protagoniste sont savamment dosés et permettent à l'histoire d'être réellement équilibrée. On veut absolument connaître la suite des événements et ce que cela impliquera pour Antoine et sa famille.
Ces différents "voyages dans le temps" sont entrecoupés de passages où Antoine cherche à connaître sa famille, son histoire et ses mystères. Cette quête est alimentée par la découverte d'objets, d'articles ou des miettes de conversation ainsi que d'autres où il poursuit à la fois sa vie quotidienne - qu'il délaisse néanmoins de plus en plus au fur et à mesure de la progression du récit. Ces moments auraient pu être une période de respiration, où l'action se calmerait, mais il n'en est rien. Au contraire, ceux-ci la relancent de plus belle pour notre plus grand plaisir et nous rendent impatient de découvrir la prochaine "destination temporelle" d'Antoine.
L'auteur arrive grâce à son style efficace et fluide à recréer les diverses époques et l'atmosphère étouffante et quasiment terrifiante de chacune. Il parvient à nous faire ressentir les sensations d'Antoine qui débarque dans des époques lointaines sans savoir où et quand il se trouve. Et surtout, il réussit le tour de force de faire disparaître toute trace d'esprit cartésien dans le sens où à aucun moment on ne s'interroge pour savoir si ce que vit Antoine est vrai ou non. On sait très bien qu'il n'y aura pas de conclusion du genre "en fait, ce n'était qu'un rêve". On prend ce côté fantastique comme postulat de départ et on se demande surtout pourquoi sa lignée semble maudite et comment cela va-t-il prendre fin.
Les voyages dans le temps - même si le thème est vieux comme la littérature fantastique - sont ici traités de manière assez originale et surtout là pour servir le côté suspense du récit.
D'ailleurs pour moi, ce côté fantastique n'est là que pour illustrer le thème principal du livre qui est la quête d'identité d'Antoine. Il s’aperçoit qu'il ne sait rien de sa famille et que malheureusement son père ne peut lui être d'une grande aide à cause de sa maladie. Il se doute qu'il y a des secrets honteux, voire des cadavres dans le placard (au sens propre comme au figuré), mais il n'a rien de tangible. Il va donc devoir découvrir tout cela par lui-même, que ce soit par des moyens normaux ou paranormaux.
J'ai particulièrement apprécié le passage durant la Seconde Guerre mondiale, où la tension et les rôles troubles des uns et des autres - le protagoniste en premier lieu - sont vraiment bien rendus. On se prend au jeu et on tremble avec lui quand il entend le bruit des bottes dans les escaliers.
J'ai également été très sensible au fait que le passage temporel central - à savoir celui où un membre de la famille Remington tue le modèle ayant posé pour le portrait - ne soit pas l'un des voyages d'Antoine et qu'il ne soit raconté que par morceaux épars de-ci de-là tout le long du roman. J'ai trouvé ça très intelligent, car cela permet de rajouter un peu plus de mystère.
Enfin, les derniers chapitres du livre permettent de clore astucieusement cette saga familiale en ajoutant une petite dose d'anticipation qui assez rafraîchissante après tous ces voyages dans le passé.
En conclusion, je dois dire - tout simplement - que j'ai passé un très bon moment en compagnie de cette singulière famille Remington. Si vous voulez lire un bon livre cet été sur la plage - ou à la montagne, je ne suis pas sectaire - précipitez-vous sur "Le 2 d'Octobre" de J.M. Pen, un vrai bon thriller qui nous change des productions de masse produites de l'autre côté de l'Atlantique et que l'on oublie une fois le bouquin refermé.
Note : 15/20
Le 2 d'octobre de J.M. Pen
Éditions Ex Æquo / Collection Rouge / 2016
ISBN : 978- 2-35962-809-8
242 p. / 20€
Jean-Marie Pen est également un peintre de grand talent, je vous conseille vivement d'aller faire un tour sur son site pour découvrir cet artiste touche-à-tout.
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