mardi 14 novembre 2017

Chroniques de l'ère Xenozoïque - Intégrale de Mark Schultz

J'ai découvert Mark Schultz en lisant Conan le Cimmérien de Robert E. Howard, magnifiquement publié Bragelonne. Dans cette édition, chaque histoire contient des illustrations qui m'ont tout simplement coupées le souffle.
Une fois celui-ci revenu, je me suis intéressé de plus près à l'auteur de ces prodiges dessinés, et il s'agissait de Mark Schultz.
J'ai donc essayé de dégoter d'autres ouvrages de cet artiste et je me suis rendu compte qu'il était du genre à prendre son temps et à ne pas publier à tour de bras. Parmi ces rares œuvres, figuraient ces "Chroniques de l'ère Xenozoïque", dont le scénario m'a tout de suite emballé, moi le fan de "post-apo", comme on dit dans le jargon.

J'ai commencé à lire ces "Chroniques de l'ère Xenozoïque" puis chose incroyable pour moi, qui d'habitude "avale" littéralement les bouquins, je me suis plu à prendre mon temps. Tellement que j'ai mis plus d'un an et demi à le lire, par petits morceaux, pour faire durer le plaisir et pouvoir le savourer comme un bon petit digestif (ou autre chose d'agréable pour les abstinents) et surtout, afin de pouvoir admirer le trait et l'encrage de Mark Schultz ainsi que l'étendue de son talent. Et puis une fois arrivé à la dernière page, je l'ai relu dans la foulée, avec ma vitesse de croisière cette fois-ci, en me laissant porter par ces courtes histoires, pleines de vie et de trouvailles. Je vais donc essayer de vous faire partager mon enthousiasme pour cette œuvre tout en ne dévoilant que le strict minimum afin de vous laissez le plaisir de la découvrir par vous-même.

Suite à cataclysme écologique, les humains ont été contraints de se réfugier dans des abris souterrains. Cinq cents ans plus tard, leurs descendants ont redécouvert un monde à l'écosystème complètement changé, où les dinosaures et autres mammouths rôdent. Les humains quant à eux, se sont regroupés en tribus n'ayant que très peu de contacts entre elles. Jack Tenrec, mécanicien héritier des techniciens d'antan et entretenant une relation particulière avec la nature, vit à l'écart de sa tribu, tout en étant très estimé par les gouverneurs de celle-ci. Sa vie et ses convictions vont être mises à mal avec l'arrivée de Hannah Dundee, diplomate d'une autre tribu. Ensemble, ils vont vivre des aventures incroyables...

Le scénario de cette série est clairement un hommage aux "pulps" des années 40, avec énormément de rebondissements et d'action et une galerie de personnages hauts en couleurs (mention spéciale pour les méchants, qui sont vraiment méchants et laids de surcroît !). Ces chroniques fleurent bon également les années 80, qui ont été la grande époque pour le genre "post apocalyptique" au cinéma (dans le sillage de Mad Max), et dont le thème se retrouve ici.
Le découpage en courts récits fait que les intrigues principales sont conclues - souvent par une chute - en un seul épisode. Par contre, des intrigues secondaires dont l'auteur sème des petits indices ici et là, se mettent en place tout au long du récit et trouvent - ou pas - leur réponses bien des histoires plus tard.
Quand on sait que ces chroniques ont débuté en 1986, on se rend compte que Mark Schultz, avec son personnage écolo de Jack Tenrec et l'avertissement du cataclysme écologique, était un petit peu en avance sur son temps - et que surtout - malheureusement, rien n'a changé au niveau mondial depuis plus de 30 ans.

Comme indiqué plus haut, ce qui m'a réellement frappé à la lecture de cet imposante intégrale, c'est la beauté et la précision du trait de Mark Schultz. La réalisation de ces chroniques s'est étalée sur une demi douzaine d'années (entre 1986 et 1993) et il est intéressant de voir ici l'évolution graphique de l'artiste.
Les premières histoires (en gros jusqu'à "Adopté") sont d'un style assez différent des suivantes. Les décors et les animaux sont très réalistes, mais les visages des protagonistes, même la sublime Hannah Dundee, sont légèrement caricaturaux, un peu dans l'esprit du grand Jack Davis. Ceux-ci deviennent ensuite complètement réalistes - impression renforcée également par le travail d'encrage et de lavis qui se met en place au même moment, pour se rapprocher du travail des monstres sacrés du neuvième art que sont Burne Hogarth (Tarzan) ou encore Hal Foster (Prince Vaillant), ce qui n'est pas rien.
Mais surtout, il est bon de signaler que Mark Schultz a su digérer toutes ses influences pour développer son propre style qui n'a actuellement que peu - ou plutôt pas - d'équivalent.

En conclusion, je peux dire que j'ai réellement pris une grosse claque à la lecture de ces "Chroniques de l'ère Xenozoïque". J'ai rarement lu une bande dessinée où le concept, le scénario et le dessin étaient d'aussi bonne qualité. Pour moi, il n'y a rien à redire, car même ce qui pourrait être des défauts pour certaines personnes (le côté pulp et très premier degré des histoires) sont pour moi des qualités qui font de cette série une œuvre totalement à part et totalement culte. La seule chose que je pourrais reprocher à ces chroniques, c'est le fait qu'elles se terminent sur un cliffhanger de fou dont on ne connaîtra malheureusement jamais le dénouement...

Note : 19/20


Chroniques de l'ère Xenozoïque - Intégrale de Mark Schultz
Akileos / 2013
ISBN : 978-2355741401
354 p. / 30€

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