Cela faisait un petit moment maintenant que je n'avais pas chroniqué de livre, autres que bande-dessinée. Cela ne veut pas dire que je n'ai rien lu entre temps, ni même que je n'ai rien lu d'intéressant, bien au contraire. Mais vu que j'ai surtout lu - ou relu - des classiques de la SF comme le cycle de Fondation d'Isaac Asimov ou une brouette de romans de Philip K. Dick, je n'avais pas spécialement envie de partager avec vous mon ressenti sur ces œuvres (voire chefs d’œuvres pour certains) dont on peut trouver des avis / chroniques / critiques à n'importe quel coin de blog. Ce qui n'est pas du tout le cas de "La Révolte des Côg'r", un très sympathique roman de science-fiction, signé Boris Hunter et édité par Rivière Blanche dont je vais vous parler de ce pas.
Sur une planète où l'humanité semble en être restée au stade quasi préhistorique, vivant uniquement de chasse, de cueillette et d'un peu d’agriculture, Erwa est le meilleur des chasseurs de son peuple, les "Côg'r". Il est le meilleur car son "Côg" - son don de prescience - est beaucoup plus développé que celui de ses contemporains. Celui-ci lui permet donc d'anticiper les mouvements de ses proies avec une efficacité redoutable. Mais son "Côg" semble aussi lui indiquer quand le moment est venu de prendre une décision capitale, et le cas échéant, quel choix sera le bon. C'est pour cela qu'il a toujours refusé de partir pour le "Voyage", honneur réservé aux meilleurs éléments de la communauté, sentant imperceptiblement que quelque chose se trame derrière celui-ci. Un jour, il découvre une étrange chose tombée du ciel, qui abrite des humains - comme lui - mais à la peau noire. Il s'agit d'un père et de sa fille qui ont fui leur planète pour venir dévoiler l'horrible vérité qui se cache derrière le "Voyage". Ces révélations vont déclencher la révolte "Côg'r", menés par Erwa...
Autant le dire tout de suite, j'ai vraiment passé un très bon moment à la lecture de ce roman. Boris Hunter a su créer un monde original et convainquant.
Après un début mélangeant "La guerre du feu" (pour le côté préhistorique) et "Dune" (pour le côté prescient d'Erwa), où l'on suit le quotidien de chasseur d'Erwa et de sa tribu, l'histoire bascule quasiment dans le space opera après l'arrivée sur la planète des Côg'r d'Æwen et de son père. Ces deux ambiances se complètent parfaitement et permettent de briser la monotonie qui aurait pu s'installer si le récit s'était uniquement déroulé sur la planète des Côg'r. Le côté primitif de la première partie est complètement contrebalancé par la seconde et ses combats spatiaux (très bien retranscrits) qui flirtent avec "La guerre des étoiles". Il y a en a donc pour tous les goûts ici.
L'écriture de Boris Hunter est vraiment très agréable et efficace. Ici, pas de verbiage, on va directement à l'essentiel, ce qui n'est pas pour me déplaire. Le style de l'auteur est avant tout au service de l'histoire, s'adaptant aux deux ambiances sans aucun problème. Nous sommes réellement transportés, dans un premier temps, dans la savane préhistorique, puis dans un second temps dans l'espace et ses combats "intergalactiques".
Comme indiqué plus haut, j'ai trouvé qu'il y avait un peu de Dune de Frank Herbert dans cette "Révolte des Côg'r". Au-delà du don de prescience évoqué plus haut, on retrouve également quelques réminiscences de chef d’œuvre, comme les Côg'r qui se révèlent de terribles combattants, tout comme les Fremens, ou encore - ATTENTION SPOILER - dans l'utilisation des cerveaux de Côg'r par Apogen qui évoque très fortement celui des navigateurs de la Guilde. Mais cela est fait avec beaucoup de talent par Boris Hunter, qui réussit à complètement nous immerger dans son récit.
À la lecture de "La Révolte des Côg'r", j'ai retrouvé le plaisir que j'éprouvais il y a quelques années (en fait beaucoup plus que quelques) quand je me plongeais dans les romans Fleuve Noir que je dégotais en occasion et pour lesquels, très souvent, on ne pouvait se fier qu'à la couverture et au titre pour faire son choix (la quatrième de couverture abritant une publicité pour une agence de voyage ou un cigarettier).
Ici, j'y ai retrouvé - outre une très belle couverture signée Vincent Laik, qui fait penser à AT-43, le défunt jeu de Rackham, mais qui n'a rien à voir avec l'histoire - une atmosphère très similaire à nombre de ces récits, à savoir, une écriture efficace et très agréable, une histoire qui s'appuie plus sur les personnages et le monde créé que sur des concepts scientifiquement inattaquables (ce n'est pas grave, je ne suis absolument pas fan de hard-science), un manichéisme basique - mais complètement assumé (les vrais méchants sont abjects alors que les gentils héros sont plus que sympathiques), de l'optimisme en barre et de l'amour à profusion. Bref, que de bons ingrédients pour faire un très bon livre populaire qui se lit d'une traite !
Note : 15/20
Rivière Blanche / Collection Blanche / 2016
ISBN : 978-1-61227-479-9
304 p. / 20€
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