mardi 22 mai 2018

Cap'tain Swing 289

L'heure du notre rendez-vous habituel du mois - à savoir ma chronique du dernier numéro paru de Cap'tain Swing - est finalement arrivée ! Il s'agit aujourd'hui du numéro 289, d'une revue qui, décidément, ne semble pas avoir dit son dernier mot, et cela pour mon plus grand plaisir !

L'épisode du mois de Cap'tain Swing, s'intitule "Le Tsar des Caraïbes". Cap'tain Swing, Hibou Lugubre et Mister Bluff sont en Haïti pour rencontrer Don Sebastian - un espagnol qui aide les rebelles américains en transportant des armes en provenance de France - pour le prévenir que les anglais sont après lui et son navire. Bizarrement, ils ne trouvent aucune trace de lui dans la ville qui sert généralement d'étape avant la traversée vers les États-Unis. Au détour d'une rue, une femme se présentant comme l'épouse de Don Sebastian leur apprend que le malheureux est retenu prisonnier au Tiburon, une cité pirate. Ne pouvant laisser leur ami aux mains de ces hors-la-loi, Swing et ses comparses embarquent pour Le Tiburon, où ils rencontrent le chef des pirates, le cruel "Tsar des Caraïbes", qui n'est autre qu'une vieille connaissance de Mister Bluff. Pour autant, celui-ci n'entend pas libérer Don Sebastian. Swing, Hibou Lugubre et Mister Bluff, aidés de l'épouse de Don Sebastian vont établir un plan pour sauver ce dernier...

Comme de coutume, j'ai passé un très bon moment en compagnie de Cap'tain Swing, Hibou Lugubre et Mister Bluff. Le fait que l'histoire ne se déroule cette fois-ci pas dans une des treize colonies d'Amérique du Nord, mais dans les Caraïbes y est pour beaucoup, car cela permet de mettre en scène un cadre totalement différent de celui des histoires précédentes, plus axé sur les histoires de pirates. Cela permet aussi de faire intervenir des personnages hauts en couleurs comme le fameux "Tsar des Caraïbes", aussi cruel que ridicule.
J'ai également aussi beaucoup apprécié que le ressort comique sur le passé très mystérieux de Mister Bluff soit ici poussé à l'extrême et que le pauvre ne puisse faire un pas dans la ville portuaire sans être agressé par quelqu'un qu'il a connu - et la plupart du temps trompé - dans sa vie de pré rebelle américain.
Le personnage de "l'épouse de Don Sebastian" est également très intéressant, car même si le lecteur sent tout de suite qu'il y a anguille sous roche la concernant et qu'au fur et à mesure de l'histoire elle devienne de plus en plus suspecte à nos yeux, le fait que Swing ne semble à aucun moment partagé ce sentiment, induit un petit doute dans nos esprits. Finalement, la première impression sera la bonne, mais il faudra réellement attendre la toute fin de l'histoire pour en avoir le cœur net et surtout savoir pour qui elle "travaillait".
Les dessins sont comme toujours de très bonne facture et retranscrivent parfaitement l'ambiance caraïbo piratesque de l'intrigue. Les personnages ont toujours de vraies gueules, les décors sont très bien réalisés et présents juste ce qu'il faut. La mise en page et le cadrage sont très vivants et participent pleinement au dynamisme du récit, qui n'a pas pris une ride et se laisse lire avec un réel plaisir.
Comme d'habitude, l'histoire est donc de très haute volée, prenante, bourrée d'action et d'humour. Un parfait cocktail qui se renouvelle à chaque numéro finalement.

L'histoire du mois a pour titre "La bannière de Croyland". Tandis que Frère Tuck, porteur d'un message de l'abbé de Croyland pour Ivanhoé est en chemin pour retrouver ce dernier, il est attaqué par des normands dirigés par Thuraut. Ceux-ci après l'avoir bastonné, trouvent dans la soutane du moine le fameux message invitant Ivanhoé à se rendre à Croyland, haut lieu de la révolte saxonne. Thuraut flairant le bon coup, remet le message à sa place afin que celui-ci arrive à bon port et va en faire part à au terrible Ives Taille-Bois, commandant d'une troupe de routiers au service du Prince Jean. Il aura ainsi l'occasion de prendre Ivanhoé et les moines de Croyland en une seule fois et décapiter la rébellion saxonne. Heureusement pour les saxons, Ivanhoé va capturer un homme de Thuraut et être informé du plan machiavélique de ce dernier...

J'ai trouvé cette histoire particulièrement réussie et intéressante car elle nous présente un duo d'adversaires d'Ivanhoé à la fois intelligents, rusés et cruels. Pour une fois, le plan échafaudé par les normands pour mettre la main sur le thane n'est ni idiot ni voué à l'échec dès le début, bien au contraire. Cela permet un vrai suspense et une vraie tension - d'autant plus que l'épisode se termine sur cliffhanger de folie - alors qu'il est vrai que dans les épisodes précédents, on savait très bien comment Ivanhoé allait s'en sortir.

Les dessins sont vraiment magnifiques et sentent toujours aussi bon le vieux film de cape et d'épée. Le dessinateur prend parfois quelques libertés avec le gaufrier traditionnel (comme la planche 44 qui est de toute beauté)  et cela ne rend plus dynamique et moins plan plan le déroulé de l'histoire. Il s’autorise également plus de gros plan sur les visages, ce qui permet de casser un peu le côté aseptisé de la série, où tout semble trop net, au risque parfois de manquer de caractère ou de singularité.
Je prends réellement de plus en plus plaisir à lire cette série qui, même si elle accuse son âge au niveau des dialogues ou des dessins (certes de toute beauté), a pour moi trouvé son rythme de croisière il y a quelques numéros et ne cesse depuis de gagner en intérêt.

Comme à l'accoutumé un dossier rédactionnel se trouve entre les deux récits. Il s'agit de la deuxième partie de "L'histoire coloniale de l'Amérique du Nord".

Enfin, en troisième de couverture, nous retrouvons ce mois-ci une pleine planche de Fishman, le héros auxerrois, œuvre de Romain Gondy et Dominik Vallet, même si cette fois-ci il n'y a pas de crédits d'auteurs. L'histoire est sympathique mais sans plus.

En conclusion, j'ai une nouvelle fois passé un très bon moment de détente en lisant ce numéro de Cap'tain Swing. La série principale étant toujours de très bonne facture et celle d'Ivanhoé, bien que très différente scénaristiquement ou graphiquement parlant, monte en puissance et permet donc à la revue d'être finalement très homogène, et ce pour notre plus grand plaisir. Vivement le mois prochain !

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