Les éditions FLBLB continuent leur intéressant et louable travail de publications d’œuvres inédites en France, du Dieu du Manga, Osamu Tezuka. Cette fois-ci, après le franchement mauvais "Alabaster", le bof bof "La femme insecte", le bon "Debout l'humanité" et le vraiment pas mal "L'homme qui aimait les fesses", nous avons droit à "La grande pagaille du Diletta".
Le résumé de l'histoire (sur la quat' de couv') : Précipité du haut d’un immeuble par un producteur de
télévision sans scrupules, le dessinateur de BD Otohiko
Yamanobe acquiert la faculté, appelée "Diletta", de
faire physiquement partager aux gens qui l’entourent les
fantasmes délirants de son cerveau d’artiste génial. Le
producteur va populariser le "Diletta" en construisant un
immense émetteur, créant ainsi un nouveau média bien
plus puissant que la télévision…
Sorti au Japon en 1968, époque où Tezuka se cherchait un second souffle pour résister au succès grandissant du gekiga, "La grande pagaille du Diletta" est vraiment intéressant. En terme de graphisme, ce manga se situe à mi-chemin entre "La femme insecte" et "L'homme qui aimait les fesses". Il reste encore des codes du manga, mais par moment, on se rapproche beaucoup du style "dessin de presse", que j'aime beaucoup chez Tezuka. On sent qu'il y a beaucoup de lui dans ce manga. Déjà dans le personnage de Otohiko
Yamanobe, qui comme Tezuka porte le béret et est dessinateur de manga. Ensuite, dans la crise que traverse celui-ci en terme de création (créatif et imaginatif mais plus au goût du jour).
En terme d'histoire, même si je trouve qu'avec une idée pareille (qui est vraiment géniale), et vu que nous avons affaire à Tezuka, on était en droit d'attendre un peu mieux. Le Diletta qui donne son titre à l'ouvrage n'est pas très présent. J'aurais aimé justement que l'auteur nous plonge dans des pages psychédéliques ou délirantes un peu plus souvent, afin de nous faire partager, à nous lecteurs, l'expérience unique du Diletta. Au lieu de cela, il est surtout question de la carrière d'Ichirô Monzen, créatif de talent, mais sans scrupule.
Le thème sous-jacent du livre est que l'art en lui-même n'est pas dangereux, mais que la récupération par le système et donc la perte de contrôle de son œuvre par l'artiste, l'est. Peut-être un allusion Mushi Productions* ?
Dans l'ensemble, ce manga se lit vraiment bien, et le style de Tezuka y est ici très agréable, car spontané. Avec une intrigue un peu mieux ficelée, on aurait pu avoir un excellent Tezuka ! Merci à FLBLB de nous faire découvrir (avec des hauts et des bas) les œuvres inédites d'Osamu Tezuka.
La grande pagaille du Diletta d'Osamu Tezuka
FLBLB / 2013
393 p. / 20€
*Première société de production de Tezuka qui fermera ses portes en 1973
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