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dimanche 9 septembre 2018

Quelques crowdfunding intéressants (6)

Après un long hiatus dû - entre autres - aux vacances, voici revenu le temps de vous parler des financements participatifs qui m'ont tapé dans l’œil dans un premier temps, puis au portefeuille dans un second. Et autant vous dire qu'avec la rentrée, la liste est longue. Jugez plutôt.

On commence  - une fois n'est pas coutume - avec la campagne "Amazing Heroes 1/18 scale" sur Kickstarter concernant des figurines de superhéros plus ou moins récents en version 1/18e. Ayant sur mes étagères un très beau Amazing Man qui s'ennuie tout seul, je vais sans aucun doute lui procurer un compagnon de jeu. J'hésite pour l'instant entre "The Beetle" et "Madman". Mais en vrai, j'attends surtout que le palier débloquant "Daredevil", voire celui de "Black Terror" soient atteints. Les contreparties vont de $1 (environ 0,86€) pour un simple remerciement à $600 (environ 520€) pour toutes les figurines + une boîte secrète. Comptez $20 (environ 17,30€) pour une figurine. La campagne prendra fin le 23 septembre.




Nous continuons avec de la bande dessinée, cette fois-ci sur Ulule, avec "Les nouvelles aventures de Fantax". Juste histoire de vous prouver que ce projet est indispensable, voici la liste des artistes impliqués : outre Laurent Lefeuvre (dont vous savez tout le bien que je pense) qui signe une magnifique couverture, vous retrouverez Jim Dandy (idem que pour Laurent Lefeuvre), Jean Depelley, Terry Stillborn, Monsieur Jean-Yves Mitton, Monsieur François Corteggiani, Reedman, Jean-Marie Arnon, Chris Henin, Jean-Michel Arroyo et Paskal Millet ! Les contreparties vont de 5€ pour un simple remerciement à 1000€ pour un pack comprenant entre autre un tirage de tête de l'album et une planche originale de Jean-Michel Arroyo. Comptez 30€ pour l'album.
La date butoir pour participer est fixée au 23 octobre.


On continue chez Ulule avec "Namta", un comics dark fantasy autour de la mandragore. Ce projet est porté par Komics Iniative à qui l'ont doit en outre l'art book de Laurent Lefeuvre (encore lui ?), "Kirby and me" et "Young romance". Autant dire que l'on peut foncer les yeux fermés. Cette série est l'œuvre d'Aurélien Ducoudray et A. Dan. Les contreparties vont de 5€ pour un fond d'écran à 500€ pour la couverture originale. Pour le comics simple, comptez 12€ (17€ pour la version avec la couverture de Laurent Lefeuvre). À noter que si le palier des 20000€ est atteint, nous aurons droit au deuxième tome gratuitement ! Vous avez jusqu'au 16 octobre pour participer.



Toujours chez Ulule, Stéphane de Caneva, le talentueux auteur - entre autres - de "100 milliards d'immortels", propose un artbook intitulé "Io" pour célébrer les 10 ans de sa première parution professionnelle. Vous savez également tout le bien que je pense de cet artiste, je vous conseille donc de vous précipiter pour acquérir ce qui sera sans aucun doute un très bel objet. Les contreparties vont de 7€ pour la version pdf de l'artbook à 250€ pour un pack comprenant entre autres choses une version imprimée de l'artbook et une planche originale de "Metropolis", l'une des séries sur laquelle a travaillé l'auteur. Comptez 20€ pour un exemplaire imprimé de l'artbook.
Vous avez jusqu'au 29 septembre pour participer.


On continue chez Ulule, avec "L'empire de l'imaginaire", la biographie de Gary Gygax, le cocréateur de "Dungeons & Dragons". Les contreparties vont de 25€ pour le livre en version couverture souple, à 108€ pour un pack de 6 livres réservé aux libraires. À noter que les frais de port ne sont pas pris en compte dans le prix, ce qui est dommage.
Vous avez jusqu'au 20 septembre pour y aller de votre écot.


Et toujours chez Ulule, François Tonic a besoin de nous pour voir naître son livre "Une histoire de l'informatique : les ordinateurs de 1973 à 2007". Le livre s'annonce particulièrement passionnant et je ne saurais trop vous conseiller de participer à cette campagne. Les contreparties vont de 15€ pour une exemplaire du livre à 999€ pour un pack de 150 livres réservé aux libraires. 
Vous avez jusqu'au 26 octobre pour faire partie de l'aventure.


Enfin, Northstar Comics propose de participer au financement du deuxième album de la série Hoplitéa (je chroniquerai le premier très prochainement). Les contreparties vont de 5€ pour de simples remerciements à 90€ pour un pack comprenant entre autres un album dédicacé, une commission en A3 et des prints. Pour l'album, comptez 15€, ce qui est vraiment donné. Il vous reste jusqu'au 14 septembre pour en profiter.


Et voilà, c'est tout pour aujourd'hui et c'est déjà pas mal. Grâce à moi votre banquier va vous adorer (les agios tout ça), mais pas autant que les artistes que vous allez aider. Bon dimanche !

dimanche 17 juin 2018

Quelques crowdfunding intéressants (5)

Cinquième livrée de ce post où je vous présente les campagnes de financement participatif qui me paraissent valoir le coup que l'on s'y intéresse et - pourquoi pas - que l'on mise quelques dizaines d'euros dessus. Je dois avouer qu'après la folie des mois derniers, juin s'annonce plutôt calme - en tout cas pour moi - car seulement trois projets ont retenu mon attention.

On commence avec le lancement du label "Revival", dont le crowdfunding est lancé sur Kisskissbankbank. Revival souhaite à la fois publier des classiques du 9ème art oubliés tout en lançant de nouveaux auteurs. Tout cela me paraît bien alléchant.
Les contreparties vont de 12€ pour le numéro 1 des Cahiers de la BD (vu qu'ils sont partenaires de Revival) à 290€ pour une version deluxe du livre "La bédéthèque idéale", accompagné de tout un tas d'ex-libris numérotés et signés. Vous pouvez aussi opté pour un exemplaire des futurs ouvrages du label à prix préférentiel, comme par exemple M. Poche de Alain Saint-Ogan à 25€ au lieu de 29€ ou encore de Colville de Steven Gilbert à 18€ au lieu de 23€.
Vous avez jusqu'au 25 juillet 2018 pour soutenir le projet.



Ensuite, chez Ulule, JL Mast, auteur travaillant entre autre pour Marvel, nous propose de souscrire à la réalisation d'un comics politico-humoristico-conspirationniste sur la surprenante ascension du président actuel et sobrement intitulé "Conspiration Macron". Le projet a l'air bien fun, dans la lignée de "Super Mélenchon contre la Caste" et je vous invite donc à y souscrire sans retenue.
Les contreparties vont de 5€ pour les trois épisodes en PDF à 116€ pour un pack libraire comprenant 10 exemplaires de chaque épisodes. Pour recevoir chez vous la version papier, il vous en coûtera 26€.
Vous avez jusqu'au 7 juillet 2018 pour faire partie de l'aventure.



Et pour finir, toujours chez Ulule, où le Dr Lakav (bien connu des téléspectateurs de la regrettée chaîne Nolife) propose un "Guide complet Castlevania IV", totalement indispensable pour tous ceux qui ont connu la Super Nintendo et ce jeu mythique.
Les contreparties vont de 20€ pour le guide à 260€ pour acquérir l'ensemble de la production des Éditions de l'Écureuil Noir ! Des paliers intermédiaires avec des goodies complètent l'offre.
Vous avez jusqu'au 26 juin 2018 pour participer. Donc plus un instant à perdre !



C'est tout pour ce mois-ci, rendez-vous normalement mi-juillet (à moins qu'un crowdfunding incontournable voit le jour entre temps).

mardi 17 avril 2018

La Révolte des Côg'r de Boris Hunter

Cela faisait un petit moment maintenant que je n'avais pas chroniqué de livre, autres que bande-dessinée. Cela ne veut pas dire que je n'ai rien lu entre temps, ni même que je n'ai rien lu d'intéressant, bien au contraire. Mais vu que j'ai surtout lu - ou relu - des classiques de la SF comme le cycle de Fondation d'Isaac Asimov ou une brouette de romans de Philip K. Dick, je n'avais pas spécialement envie de partager avec vous mon ressenti sur ces œuvres (voire chefs d’œuvres pour certains) dont on peut trouver des avis / chroniques / critiques à n'importe quel coin de blog. Ce qui n'est pas du tout le cas de "La Révolte des Côg'r", un très sympathique roman de science-fiction, signé Boris Hunter et édité par Rivière Blanche dont je vais vous parler de ce pas.

Sur une planète où l'humanité semble en être restée au stade quasi préhistorique, vivant uniquement de chasse, de cueillette et d'un peu d’agriculture, Erwa est le meilleur des chasseurs de son peuple, les "Côg'r". Il est le meilleur car son "Côg" - son don de prescience - est beaucoup plus développé que celui de ses contemporains. Celui-ci lui permet donc d'anticiper les mouvements de ses proies avec une efficacité redoutable. Mais son "Côg" semble aussi lui indiquer quand le moment est venu de prendre une décision capitale, et le cas échéant, quel choix sera le bon. C'est pour cela qu'il a toujours refusé de partir pour le "Voyage", honneur réservé aux meilleurs éléments de la communauté, sentant imperceptiblement que quelque chose se trame derrière celui-ci. Un jour, il découvre une étrange chose tombée du ciel, qui abrite des humains - comme lui - mais à la peau noire. Il s'agit d'un père et de sa fille qui ont fui leur planète pour venir dévoiler l'horrible vérité qui se cache derrière le "Voyage". Ces révélations vont déclencher la révolte "Côg'r", menés par Erwa...

Autant le dire tout de suite, j'ai vraiment passé un très bon moment à la lecture de ce roman. Boris Hunter a su créer un monde original et convainquant. 
Après un début mélangeant "La guerre du feu" (pour le côté préhistorique) et "Dune" (pour le côté prescient d'Erwa), où l'on suit le quotidien de chasseur d'Erwa et de sa tribu, l'histoire bascule quasiment dans le space opera après l'arrivée sur la planète des Côg'r d'Æwen et de son père. Ces deux ambiances se complètent parfaitement et permettent de briser la monotonie qui aurait pu s'installer si le récit s'était uniquement déroulé sur la planète des Côg'r. Le côté primitif de la première partie est complètement contrebalancé par la seconde et ses combats spatiaux (très bien retranscrits) qui flirtent avec "La guerre des étoiles". Il y a en a donc pour tous les goûts ici.

L'écriture de Boris Hunter est vraiment très agréable et efficace. Ici, pas de verbiage, on va directement à l'essentiel, ce qui n'est pas pour me déplaire. Le style de l'auteur est avant tout au service de l'histoire, s'adaptant aux deux ambiances sans aucun problème. Nous sommes réellement transportés, dans un premier temps, dans la savane préhistorique, puis dans un second temps dans l'espace et ses combats "intergalactiques". 

Comme indiqué plus haut, j'ai trouvé qu'il y avait un peu de Dune de Frank Herbert dans cette "Révolte des Côg'r". Au-delà du don de prescience évoqué plus haut, on retrouve également quelques réminiscences de chef d’œuvre, comme les Côg'r qui se révèlent de terribles combattants, tout comme les Fremens, ou encore - ATTENTION SPOILER - dans l'utilisation des cerveaux de Côg'r par Apogen qui évoque très fortement celui des navigateurs de la Guilde. Mais cela est fait avec beaucoup de talent par Boris Hunter, qui réussit à complètement nous immerger dans son récit.

À la lecture de "La Révolte des Côg'r", j'ai retrouvé le plaisir que j'éprouvais il y a quelques années (en fait beaucoup plus que quelques) quand je me plongeais dans les romans Fleuve Noir que je dégotais en occasion et pour lesquels, très souvent, on ne pouvait se fier qu'à la couverture et au titre pour faire son choix (la quatrième de couverture abritant une publicité pour une agence de voyage ou un cigarettier). 
Ici, j'y ai retrouvé - outre une très belle couverture signée Vincent Laik, qui fait penser à AT-43, le défunt jeu de Rackham, mais qui n'a rien à voir avec l'histoire - une atmosphère très similaire à nombre de ces récits, à savoir, une écriture efficace et très agréable, une histoire qui s'appuie plus sur les personnages et le monde créé que sur des concepts scientifiquement inattaquables (ce n'est pas grave, je ne suis absolument pas fan de hard-science), un manichéisme basique - mais complètement assumé (les vrais méchants sont abjects alors que les gentils héros sont plus que sympathiques), de l'optimisme en barre et de l'amour à profusion. Bref, que de bons ingrédients pour faire un très bon livre populaire qui se lit d'une traite !

Note : 15/20


La Révolte des Côg'r de Boris Hunter
Rivière Blanche / Collection Blanche / 2016
ISBN : 978-1-61227-479-9
304 p. / 20€

dimanche 18 mars 2018

Quelques crowdfunding intéressants (2)

Comme il y a presque un mois déjà, je viens vous faire part des projets actuellement en financement participatif que je trouve intéressants.
On commence avec "Lovecraft, l'intégrale prestige" que propose Les Éditions Mnémos sur Ulule. Il s'agit d'une nouvelle édition version luxueuse des œuvres du reclus de Providence, avec une nouvelle traduction. Cela s'annonce vraiment magnifique, et je suis actuellement en pourparlers avec ma banque pour savoir si je peux m'offrir ça pour mon anniversaire. Comme de coutume, le projet propose plusieurs contreparties allant du simple merci à 5€, jusqu'au mécénat à 500€ qui verra votre nom ajouté dans la partie mécène des remerciements. Sinon, pour acquérir l'intégrale, il vous en coûtera 70€.
La campagne prendra fin le 7 avril 2018.


On continue sur Ulule, avec "Les aventures de Zorro, tome 2" des Éditions Varou. Il s'agit d'un recueil de trois histoires du renard rusé qui fait sa loi, dessinées par Jean Pape. La première contrepartie à 5€ donne droit à un marque page et une carte postale, et la dernière à 92€, est un pack pour les libraires comprenant plusieurs exemplaires d'autres publications de Varou. Pour se procurer l'album, il vous faudra débourser 20€ (et vous recevrez en plus une carte postale, un marque page, la version pdf de l'album et une dédicace), ce qui est d'un très bon rapport qualité / prix. Possédant le premier tome, je crois que je vais me laisser tenter ! 
La campagne se termine le 16 avril 2018.


Enfin, sur Indiegogo, les Éditions Délirium vous propose de participer au financement d'un magnifique ouvrage regroupant l'intégrale de la série "Grave, les contes du cimetière" de Richard Corben. À mon avis cet ouvrage fera date dans les annales, donc n'hésitez pas à y aller de votre petit écot. Cela va du simple merci à 5€ au pack mécène à 500€. Pour obtenir la bd ainsi que tous les bonus débloqués lors de la campagne, il vous en coûtera 50€ + 6€ de fdp.
La campagne se termine le 6 avril 2018.


J'espère que cette deuxième édition vous a plu et surtout vous a intéressé ! À bientôt pour la numéro 3.

dimanche 25 février 2018

Quelques crowdfunding intéressants (1)

Cela fait un petit moment que je me demande comment partager avec vous les campagnes de financement participatifs qui me semblent intéressantes. Je ne veux pas me fendre d'un post pour chacune d'entre elles, ni même que cela ne devienne un rendez-vous régulier, car il se passe très souvent des semaines (voire des mois) sans que rien ne m'interpelle. 
Je vais donc essayer, quand l'actualité le permet, de faire un petit tir groupé de ces projets. J'ai décidé de commencé aujourd'hui, car, en cette fin de mois de février, ce n'est pas moins de trois campagnes qui ont attiré mon attention, puis celle de mon porte-monnaie (et par ricochet ou effet papillon, celle de mon épouse puis de mon banquier, mais cela est une autre histoire).

On commence avec "The Babe", la nouvelle héroïne en forme(s) qui a décidé de secouer Skin City et ses citoyens accrocs au culte du corps. Cette bande dessinée est l'œuvre de Mobias au scénario et d'Atlante au dessin. Pour participer au financement, ça se passe sur le site de la Bande du 9.
Les contreparties vont du simple remerciement dans le livre à 5€ au pack original contenant - entre autre - un dessin original A3 à 300€. Pour obtenir la bd, vous avez le choix entre la contrepartie à 15€ et celle à 25€, celle-ci donnant droit à une dédicace.
La campagne est ouverte jusqu'au 20/04/2018


On continue avec la campagne Kickstarter pour le livre "Génération jeu vidéo - Années 90", suite de l'indispensable "Génération jeu vidéo - Années 80" que vous pouvez vous procurer ici. Comme son titre l'indique, le livre se propose de retracer l'histoire petite et grande des jeux vidéos lors de la première moitié des 90's, avec des dossiers thématiques et des présentations de jeux mythiques.
Les contreparties vont du remerciement à 5€ au pack "double contribution collector" à 200€ donnant droit à - comme son nom l'indique à une édition collector du bouquin.
Sinon, le livre pourra être à vous pour 25€. La campagne prendra fin le 22 mars 2018.


Enfin, pour conclure ce premier billet spécial "crowdfunding", place au projet d'édition des "Young Romance", les comics romantiques de Jack Kirby et Joe Simon.
Les auteurs du projet avaient déjà effectué un très beau boulot (mais trop cher pour ma bourse à l'époque) sur le bouquin "Kirby and me". Donc à mon avis, la qualité sera au rendez-vous, et même si le prix est un peu élevé, le rapport qualité/prix ne nous sera pas défavorable, bien au contraire !
Les contreparties vont du livre à 45€ (+fdp) à 350€ pour un pack de 10 livres. Il y a également une édition collector avec une magnifique couverture de Laurent Lefeuvre, pour 150€.
La campagne prendra fin le 29 mars 2018.


La couverture originale...


Et celle signée Laurent Lefeuvre...

J'espère que ces quelques informations vous seront utiles !

mardi 29 août 2017

La Saga des Étoiles d'Edmond Hamilton

J'ai profité des vacances pour m'attaquer à ma pile de livres en retard. "La Saga des Étoiles" d'Edmond Hamilton était justement celui du dessus. Pour la petite histoire, Edmond Hamilton n'est autre que le père du Captain Futur, plus connu sous nos contrées (surtout par les enfants des années 70/80) sous le nom de Capitaine Flam - et accessoirement l'un des pères fondateurs du Space Opera. Cette "Saga des Étoiles" regroupe deux romans qui se font suite : "Les Rois des étoiles" qui date de 1947 et sa suite, vingt ans après "Le Retour aux étoiles" de 1967 donc. 

Les rois des étoiles : John Gordon est un modeste comptable de New York qui mène une vie monotone. Depuis quelques temps, la nuit, il entend une voix dans sa tête. Il s'agit de Zarth Arn, l'un des fils de l'Empereur du centre de la Galaxie qui vit plus de 200 000 ans dans le futur. Celui-ci étudie le passé et propose à John Gordon d'échanger leurs esprits. Ainsi Gordon se retrouverait-il dans le corps de Arn et inversement, tout cela pour quelques semaines, le temps que le prince mène à bien son projet. Croyant devenir fou, mais bien décidé à vivre une aventure incroyable si cela se révélait être vrai, Gordon accepte et il se retrouve bientôt 200 siècles dans le futur, dans le corps de Zarth Arn. Mais à peine arrivé, les sbires du terrible Shorr Kan, le Maître de la ligue prennent d'assaut le laboratoire où se trouve Gordon, détruisant la machine et tuant l'adjoint de Zarth Arn, la seule personne pouvant réinverser les esprits. Sauvé in extremis par une brigade impériale, Gordon va se retrouver au cœur d'un gigantesque complot ourdi par Shorr Kan afin de s'emparer de l'Empire. En effet, la famille impériale possède le secret du "disrupteur", une arme surpuissante capable d'anéantir des pans d'univers. En s'emparant de celui qu'il pense être Zarth Arn, Shorr Kan espère mettre la main sur celle-ci. Malheureusement pour lui, Gordon va vite se prendre au jeu et se révéler être un terrible adversaire, surtout après avoir rencontré la superbe princesse de Fomalhaut, Lianna...

Le retour aux Étoiles : Après avoir sauvé l'univers, John Gordon a réussi à regagner son corps et son temps, Zarth Arn effectuant le chemin inverse. Malheureusement, Gordon a du mal à oublier - on le comprend - son séjour dans le futur et surtout la jolie princesse Lianna. Il commence même à douter de la véracité de son séjour dans l'espace, au point de consulter un psy. Deux années de grisaille monotone s'écoulent quand une nuit, Zarth Arn se manifeste de nouveau pour proposer à Gordon, non pas d'échanger leurs esprits mais bien de transporter John Gordon dans le futur. Trop heureux de pouvoir retrouver sa princesse, Gordon n'hésite pas une seule seconde. Malheureusement pour lui, Lianna semble avoir un peu de mal à s'habituer à lui et à sa véritable apparence. Mais le pire reste à venir, car il va devoir protéger sa princesse contre les agissements de son cousin qui souhaite s'emparer du trône de Fomalhaut. Aidé de Lianna, de Zarth Arn, de Korkhann, un conseiller de Lianna capable de lire dans l'esprit des gens et de Shorr Kan, qui se révélera être un allié de circonstance très précieux, Gordon va se retrouver au cœur d'une guerre gigantesque avec les terribles H'harn, des êtres télépathes venus d'une autre galaxie...

J'ai toujours beaucoup aimé la science-fiction à l'ancienne et je dois dire que sur ce coup-là, je n'ai pas été déçu, bien au contraire. Une fois que l'on a bien compris que l'auteur cherchait avant tout à nous divertir et non pas à faire de la hard-science, on se laisse agréablement porter par l'histoire et les innombrables péripéties dont va être victime - ou acteur - John Gordon.
Le côté pulp, un peu kitsch de l'histoire donne une vraie saveur au récit et permet surtout de très bien s'imaginer les événements, les personnages et autres vaisseaux qui parcourent la galaxie, car il y a un lien de parenté indéniable avec toute la science-fiction que nous avons pu voir à la télé - ou au cinéma - Star Wars, Flash Gordon, et donc Capitaine Flam. Nous sommes ici en terrain de connaissance, du fait des clichés (qui n'en étaient pas à l'époque mais le sont devenus) dont le récit regorge. Quoiqu'il en soit, cela passe vraiment bien.

L'histoire - très classique donc - du sauvetage de la galaxie par un homme providentiel que rien ne prédestinait à ça, est néanmoins très prenante. Ceci grâce au fil conducteur du "disrupteur", dont Gordon ignore tout, que ce soit le concept, la forme ou son fonctionnement. Cette utilisation est repoussée plusieurs fois, mais sera finalement utilisée par un Gordon plein de doute.

La relation naissante entre Gordon et la princesse Lianna est également assez intéressante dans la mesure où celle-ci tombe amoureuse d'une personne aux deux personnes (rien à voir avec l'histoire de Jean-Christian Ranu - quoique ?), alors qu'il s'agissait au départ d'une union strictement politique. Celle-ci est donc troublée par le comportement de Zarth Arn / Gordon, ce qui met en péril plus d'une fois la véritable identité de celui-ci. Gordon est donc obligé de faire très attention afin ne pas être découvert. Cela est également le cas avec le reste de la famille royale, mais comme Gordon est un romantique, cela est plus risqué avec Lianna.

Enfin, le fait que le récit ne connaisse aucun temps mort, est particulièrement appréciable. J'avais un petit peu peur, après un début sur les chapeaux de roues que l'histoire se tasse un petit peu et verse dans un complot d'alcôve. Il n'en est rien. Du début à la fin, tout s'enchaîne très vite avec juste des petites pauses pour permettre au lecteur de reprendre son souffle. 

L'autre gros atout de cette saga, est le personnage de Shorr Kan, ambivalent, machiavélique, manipulateur, mais possédant malgré tout un grand sens de l'honneur. Je ne suis pas un spécialiste, mais je pense que ce genre de personnage ne devait pas être courant dans la science-fiction à cette époque, qui privilégiait avant tout le héros propre sur lui qui affrontait le vil méchant. Shorr Kan apparaît finalement plus être un antihéros plutôt qu'un grand méchant. J'ai beaucoup aimé son rôle dans "Le Retour aux étoiles". Il s'agit pour moi de l'une des raisons de lire ces histoires.

Le petit bémol que j'apporterai à tout le bien que je pense de cette "Saga des Étoiles", se trouve au niveau des mondes et peuples décrits. Dans le premier roman, l'auteur ne s'embête même pas avec ça, puisque mis à part la couleur de peau, la taille et les habits, toutes les personnes que rencontrent Gordon sont humaines. Dans le second - on rappelle que vingt ans se sont écoulés entre les deux - de nombreuses œuvres de science-fiction mettant en scène des peuples extra-terrestres ont vu le jour et ont donc changer la donne. L'auteur s'essaie un peu à la chose mais sans grande conviction. Korkhann - le poulet télépathe qui m'a tout de suite fait penser au poulet avocat de Futurama - est ce qui se rapproche le plus d'un essai de créer un personnage différent, mais mis à part son allure, il est complètement "humain" dans son mode de pensée et ses actions. Les autres extra-terrestres que nous croiserons dans "Le Retour aux étoiles" sont  malheureusement du même acabit, ce qui est dommage, car quelques spécificités bien choisies auraient réellement pu faire la différence.
En ce qui concerne les sociétés et les civilisations, on reste également soit dans le flou, soit dans le basique. Rien de très poussé ici également au niveau politique ou économique. 
On sent donc bien que Hamilton avait surtout en tête de raconter une histoire pleine d'action et d'événements rocambolesques. S'il a choisi le cadre de l'espace et du futur - et donc de la science-fiction - il aurait aussi bien pu écrire cette histoire sur le mode western ou cape et épée, les péripéties de John Gordon étant réellement le fil conducteur du récit, plus que le cadre géopolitique de l'Empire du centre de la Galaxie.
On surmontera également - sans problème pour ma part - quelques incohérences ici et là dans le récit.

J'ai réellement passé un bon moment en compagnie de John Gordon, de Lianna, Shorr Kan et consorts. Comme souligné plusieurs fois dans les lignes précédentes, l'action est ultra présente et ne laisse que peu de place à l'introspection et autres réflexions philosophiques. Mais je dois avouer que ce n'était pas ce que je recherchais ici (pour ça, il y a Dune). Edmond Hamilton avait un réel don de conteur et c'est bien ce qui transparaît ici dans ces deux romans qui se complètent parfaitement.
Je recommande donc ce livre aux curieux, aux "archéologues" de la SF (pour le côté pulp) et aux amoureux des aventures sans prise de tête etpleines de rebondissements. Quant à moi, je me laisserai sans doute tenter par les rééditions des aventures du Capitaine Futur, chez Le Belial, pour avoir le plaisir de retrouver la plume d'Hamilton.

Note 14/20


La Saga des Étoiles de Edmond Hamilton
J'ai Lu / 2003
ISBN : 978-2-290-33238-2
605 p. / 8,50€

mardi 18 juillet 2017

Retour à Pecq de Gilles Peyroux et Mathias Fourrier

Aujourd'hui, une chronique un peu particulière car il s'agit d'un court roman prenant place dans l'univers du Capitaine LSD. Il est très important de noter qu'il ne s'agit donc pas d'une novélisation mais bien d'une histoire originale. La singularité de la chose, c'est que les chapitres de l'histoire sont entrecoupés de planches de bande dessinée signées Jim Dandy (alias Mathias Fourrier). J'avais dit tout le bien que je pensais des deux albums du Capitaine LSD (ici et ) et l'excellent "L'écume des ours"  avait confirmé cette très bonne impression. Inutile de dire que j'étais très content et très impatient de retrouver Le Blaireau - un des acolytes du Capitaine - surtout dans ce format inédit ! 

Bert est un jeune cinéaste belge qui a quitté Pecq et la Belgique il y a plus de dix ans pour se rendre à Paris, des rêves pleins la tête. Malheureusement pour lui, cela n'a pas tourné comme il l'aurait souhaité et il se retrouve à devoir faire des reportages de commande pour pouvoir joindre les deux bouts. Le dernier en date a une saveur un peu particulière pour lui car il va devoir retourner dans sa ville natale afin d'y interviewer Le Blaireau, désormais à la retraite. Grâce à cette tribune assez inattendue, le vieux Gus Vanderdonik espère pouvoir faire passer un message à la nouvelle génération et en particulier à son fils Kevin qui a repris le flambeau, mais de manière totalement différente. Dans le même temps, Pecq a décidé de rendre hommage à son super-héros avec une cérémonie en grande pompe. De son côté, Bert va se retrouver confronter à son passé et surtout à son amour de jeunesse...

Ce que j'ai trouvé très malin dans ce court roman, c'est le fait que l'auteur n'ait choisi ni de faire un récit de super-héros (ce qui aurait pu être logique mais ce serait révélé casse-gueule et surtout inintéressant à mon avis), ni de choisir comme personnage principal celui que l'on aurait pu attendre, à savoir Le Blaireau qui apparaît d'ailleurs assez effacé, trop enfoncé dans ses souvenirs pour réellement sentir le moment présent.
Au lieu de cela, nous suivons la majeure partie du temps Bert, qui se voit confronté à son passé, même si les chapitres alternent entre différents personnages. Ce parti pris permet mettre en place une atmosphère nostalgique voire mélancolique - mais sans tomber dans le pathos - qui sied parfaitement au récit et ceci grâce aux points de vue des différents protagonistes. 
Grâce à ce mode de narration, on se rend compte qu'il y a énormément de non-dits entre les différents personnages qui semblent avoir du mal à communiquer entre eux. Le carré amoureux entre Kevin, Vanya, Hannah et Bert est d'ailleurs construit sur des non-dits qui les font tous souffrir. 
Heureusement, les dernières lignes du récit laissent malgré tout entrevoir une éclaircie dans la vie de certains protagonistes.

J'ai également beaucoup apprécié le contexte du récit, qui ne se situe pas pendant la grande période des super héros, mais bien après, alors qu'ils semblent obsolètes. L'époque de Sup' Europa est désormais révolue : Le Jeune Blaireau n'est qu'un m'as-tu-vu, dans lequel son père a du mal à se reconnaître et surtout à croire, le pauvre Andy Namite (alias Capitaine LSD) est décédé et Iron Butterfly semble isolé sur son île. C'est dans ce contexte que la municipalité de Pecq organise une cérémonie en l'honneur de Gus et des dix ans de la retraite du Blaireau. Celui-ci se retrouve engoncé dans un vulgaire déguisement du Blaireau et voit dans cette célébration assez incongrue un moyen de refermer définitivement le livre des grandes heures avant qu'il ne soit trop tard (à moins que ce ne soit déjà le cas).

Ce qui est également intéressant ici, c'est que tous les personnages semblent avoir des aspérités. Même Kevin, Le Jeune Blaireau qui renvoie une image parfaitement lisse et semble insensible à tout ce qui se passe autour de lui cache une fracture. l'auteur a donc su s'approprier cette sensibilité qui m'avait frappé lors de la lecture de Capitaine LSD. Les super-héros de Mega-Low Comix sont certes surhumains, mais ils sont surtout humains. 

L'écriture de Gilles Peyroux est très fluide et très agréable à lire. Sans avoir l'air d'y toucher, il nous livre un récit vraiment réussi. Il est arrivé à mettre en place une atmosphère de nostalgie qui est très intéressante et qui permet d'ajouter une dimension supplémentaire à l'univers du Capitaine LSD. 

Les planches de bande dessinée, quant à elles, permettent à la fois de garder la cohérence de l'univers du Blaireau / Capitaine LSD, tout en participant également à l'histoire. Elles éclaircissent, ou approfondissent un point du récit et sont une vraie valeur ajoutée. C'est donc une très bonne idée.

Enfin, le volume est complété par des bonus comme une interview de la chanteuse qui est également la petite amie du Jeune Blaireau, ou encore un extrait de journal intime. Ceux-ci permettent de continuer l'histoire après le point final ou encore d'approfondir celle-ci, après coup. Dans tous les cas, cela est très bien imaginé.

Comme indiqué en début de chronique, j'attendais beaucoup de ce livre qui s’annonçait très original dans le fond et dans la forme. Je n'ai pas été déçu, bien au contraire. J'ai trouvé ce livre très juste et très touchant. J'ai un peu retrouvé cette saveur si particulière qui émanait de Welcome to the 90's, et ça c'est plutôt très bon signe. En un mot comme en cent : bravo ! (Et vivement la suite des aventures de Sup' Europa).


Note : 15/20


Retour à Pecq de Gilles Peyroux et Mathias Fourrier
Mega-Low Comix / 2017
ISBN : 979-1022738224
132 p. / 10€

N'hésitez pas à aller faire un tour sur le site de Mega-Low Comix !

mardi 11 juillet 2017

Le 2 d'octobre de J.M. Pen

Après le très agréable recueil de nouvelles de Danny Mienski, "Les temps maudits", je poursuis ma découverte du catalogue des Éditions Ex Æquo. Aujourd'hui, je vais donc vous parler du thriller fantastique "Le 2 d'octobre", signé  J.M. Pen. Qui, autant le dire tout de suite, s'est révélé être une très bonne surprise. 

Antoine Remington avait deux ans quand il a perdu sa mère un 2 octobre dans un étrange accident de voiture provoqué par son père Charles. Des années plus tard, suite à l'entrée de celui-ci en maison de retraite, Antoine revient vivre dans la maison familiale. Alors qu'il l'a remet petit à petit en état, il découvre un jour le portrait d'une jeune femme ressemblant étrangement à sa mère, mais peint au XIXème siècle. À partir de ce moment-là, Antoine va essayer de reconstituer son histoire familiale, faite de non-dits et de troublants secrets. Plus étrange encore, tous les 2 octobre, date anniversaire de la mort de sa mère, il va (re)vivre des événements impliquant différents ancêtres que ce soit lors du siège d'Harfleur en 1415, durant la Révolution Française ou encore la Seconde Guerre mondiale...

Comme je l'indiquais plus haut, j'ai donc été vraiment emballé par ce thriller qui se lit d'une traite. Les ingrédients principaux, à savoir, le suspense, les voyages dans le temps, la quête d'identité du protagoniste, les secrets de famille et la part d'ombre de chaque protagoniste sont savamment dosés et permettent à l'histoire d'être réellement équilibrée. On veut absolument connaître la suite des événements et ce que cela impliquera pour Antoine et sa famille. 
Ces différents "voyages dans le temps" sont entrecoupés de passages où Antoine cherche à connaître sa famille, son histoire et ses mystères. Cette quête est alimentée par la découverte d'objets, d'articles ou des miettes de conversation ainsi que d'autres où il poursuit à la fois sa vie quotidienne - qu'il délaisse néanmoins de plus en plus au fur et à mesure de la progression du récit. Ces moments auraient pu être une période de respiration, où l'action se calmerait, mais il n'en est rien. Au contraire, ceux-ci la relancent de plus belle pour notre plus grand plaisir et nous rendent impatient de découvrir la prochaine "destination temporelle" d'Antoine. 

L'auteur arrive grâce à son style efficace et fluide à recréer les diverses époques et l'atmosphère étouffante et quasiment terrifiante de chacune. Il parvient à nous faire ressentir les sensations d'Antoine qui débarque dans des époques lointaines sans savoir où et quand il se trouve. Et surtout, il réussit le tour de force de faire disparaître toute trace d'esprit cartésien dans le sens où à aucun moment on ne s'interroge pour savoir si ce que vit Antoine est vrai ou non. On sait très bien qu'il n'y aura pas de conclusion du genre "en fait, ce n'était qu'un rêve". On prend ce côté fantastique comme postulat de départ et on se demande surtout pourquoi sa lignée semble maudite et comment cela va-t-il prendre fin.
Les voyages dans le temps - même si le thème est vieux comme la littérature fantastique - sont ici traités de manière assez originale et surtout là pour servir le côté suspense du récit.
D'ailleurs pour moi, ce côté fantastique n'est là que pour illustrer le thème principal du livre qui est la quête d'identité d'Antoine. Il s’aperçoit qu'il ne sait rien de sa famille et que malheureusement son père ne peut lui être d'une grande aide à cause de sa maladie. Il se doute qu'il y a des secrets honteux, voire des cadavres dans le placard (au sens propre comme au figuré), mais il n'a rien de tangible. Il va donc devoir découvrir tout cela par lui-même, que ce soit par des moyens normaux ou paranormaux.

J'ai particulièrement apprécié le passage durant la Seconde Guerre mondiale, où la tension et les rôles troubles des uns et des autres - le protagoniste en premier lieu - sont vraiment bien rendus. On se prend au jeu et on tremble avec lui quand il entend le bruit des bottes dans les escaliers.
J'ai également été très sensible au fait que le passage temporel central - à savoir celui où un membre de la famille Remington tue le modèle ayant posé pour le portrait - ne soit pas l'un des voyages d'Antoine et qu'il ne soit raconté que par morceaux épars de-ci de-là tout le long du roman. J'ai trouvé ça très intelligent, car cela permet de rajouter un peu plus de mystère.
Enfin, les derniers chapitres du livre permettent de clore astucieusement cette saga familiale en ajoutant une petite dose d'anticipation qui assez rafraîchissante après tous ces voyages dans le passé. 

En conclusion, je dois dire - tout simplement - que j'ai passé un très bon moment en compagnie de cette singulière famille Remington. Si vous voulez lire un bon livre cet été sur la plage - ou à la montagne, je ne suis pas sectaire - précipitez-vous sur "Le 2 d'Octobre" de J.M. Pen, un vrai bon thriller qui nous change des productions de masse produites de l'autre côté de l'Atlantique et que l'on oublie une fois le bouquin refermé.

Note : 15/20


Le 2 d'octobre de J.M. Pen
Éditions Ex Æquo / Collection Rouge / 2016
ISBN : 978- 2-35962-809-8
242 p. / 20€

Jean-Marie Pen est également un peintre de grand talent, je vous conseille vivement d'aller faire un tour sur son site pour découvrir cet artiste touche-à-tout.

mardi 20 juin 2017

Les temps maudits de Danny Mienski

Il y a quelques temps de cela, j'ai reçu un mail de Danny Mienski qui proposait de m'envoyer un service de presse de son dernier ouvrage. Je n'ai bien sûr pas hésité un seul instant pour plusieurs raisons : la première étant que je ne connaissais ni l'auteur ni la maison d'édition (Ex Æquo) et que je souhaite à travers mon modeste blog donner une - petite - visibilité aux auteurs en devenir et aux nouveaux éditeurs. La deuxième, qu'il s'agissait d'un recueil de nouvelles fantastiques - genre que j'adore. Et enfin, que j'ai été (je le suis toujours d'ailleurs) très flatté qu'un auteur puisse imaginer qu'une chronique de ma part  - je ne suis pas critique professionnel, je ne partage ici que ce qu'il me plaît - pouvait être un retour intéressant pour lui.
Voilà pour la petite histoire (avec h minuscule). En ce qui concerne l'ouvrage, celui-ci est donc composé de trois nouvelles se situant à différentes périodes de l'Histoire (avec H majuscule). 

La première s'intitule "Les Lions bleus" qui est basée sur un conte africain.
1772 à Nantes, Théo est un adolescent qui a soif d'aventure et rêve de découvrir l'Amérique. Il se fait engager sur un bateau négrier en partance pour le Nouveau Monde via l'Afrique. Quand le navire fait escale au Sénégal pour embarquer des esclaves. Tandis que les femmes et les hommes sont inspectés par le médecin de bord, un esclave refuse d'être séparé de sa compagne. L'incident est clos lorsque le second du capitaine - qui désire garder la femme pour lui - assomme l'esclave. La traversée de l'Atlantique qui s'en suit va être une succession d’événements plus étranges les uns que les autres, semblants être provoqués par l'esclave scarifié. Pour le jeune Théo, le rêve va tourner au cauchemar...

La deuxième histoire, "Drapeau blanc", se passe à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Joseph, un ancien légionnaire retrouve, Carmen, trapéziste dans un cirque. Ils se sont connus et aimés il y a quelques années mais ont dû se séparer à cause des démons intérieurs de Joseph. En effet, celui-ci est le seul survivant d'une bataille de la guerre du Tonkin et se sent coupable de cette situation. Mais surtout, il culpabilise d'avoir invoqué les esprits qui n'ont épargné personne sauf lui. Il a essayé de les fuir, mais en vain. Ils ont continué à le pourchasser. Joseph a donc décidé que le moment était venu de les affronter. Carmen, ne voulant pas perdre une fois de plus l'homme qu'elle aime, va lui venir en aide... 

Enfin, le dernier récit "Le chemin rouge", raconte l'histoire d'un homme et d'une femme qui se sont cherchés - et parfois trouvés - à différentes époques de l'Histoire. Que ce soit en Afghanistan de nos jours, dans le Japon médiéval, à Babylone ou encore durant la Seconde Guerre mondiale, ils se rencontrent pour la première fois mais ils semblent se connaître depuis toujours. Malheureusement pour eux, les aléas de l'Histoire ou des événements violents les séparent à chaque fois...

Il est en général peu aisé de donner son ressenti sur un recueil de nouvelles, mais Danny Mienski est sympa car, les trois nouvelles qui composent ces "Temps maudits" forment en fin de compte une seule et même histoire, même si elles peuvent très bien se lire séparément. Le fait que certains faits, ou objets fassent écho entre deux histoires est très ingénieux. On prend alors conscience que nous avons affaire à un récit d'un seul tenant, mais cela est fait de manière très subtil.
J'ai beaucoup aimé les différentes ambiances et atmosphères que l'auteur a su donner à ses trois nouvelles, car il a su ressusciter les époques sans tomber dans les clichés ni les lieux communs. Il a par ailleurs donné un rythme particulier à chacune d'elles, qui permet de ne pas tomber dans la monotonie.
Dans la première, il prend son temps pour mettre en place l'intrigue et son dénouement. Le déroulement du récit est linéaire dans le temps. Cela permet de se familiariser avec le style de l'auteur (c'est primordial pour une bonne entrée en matière) et surtout de sentir petit à petit l'irréel se mêlé au réel. Cela se fait graduellement, presque imperceptiblement, et de manière très poétique. On y sent bien l'inspiration qu'a pu être le conte africain.
Dans "Drapeau blanc", au contraire des "Lions bleus", on est tout de suite dans le cœur de l'action. Les circonstances menant aux péripéties relatées ne seront explicitées que plus tard dans l'histoire, grâce à un astucieux va et vient entre différentes dates. Le style et le rythme y sont plus vifs et plus nerveux, comme pour nous faire ressentir la course contre la montre engagée par Joseph pour vaincre les démons.
Enfin, dans la dernière, nous sommes transportés d'une époque à une autre, sans transition, ni temps morts. Nous avons donc l'impression de ressentir ce que semble vivre les protagonistes : bringuebalés de-ci de-là avec cette sensation que ce qu'il s'est passé dans leur vie avant cet instant n'a pas ou plus d'importance, que leur vie commence maintenant qu'ils se sont rencontrés. La diversité des époques et des régions abordées dans ce "Chemin rouge" font que l'on a l'impression de lire plusieurs petites histoires au sein d'une grande, qui serait elle-même une partie d'une histoire plus importante, à savoir le recueil en lui-même. J'ai trouvé cette mise en abyme très astucieuse. L'alternance de passages à la troisième personne puis à la première, permet d'apporter un peu plus de profondeur et d'émotion au récit. J'ai par ailleurs beaucoup aimé le petit clin d’œil à "La Vénus d'Ille" de Prosper Mérimée

En ce qui concerne le style de Danny Mienski, celui-ci est très plaisant à lire. Les phrases sont simples - mais pas simplistes - et vont à l'essentiel. Les descriptions très complètes des lieux  et des personnages permettent de les visualiser sans aucun problème et donc de parfaitement se représenter les scènes qui se déroulent.
Les récits sont bien menés et bien construits. On veut connaître la suite et on ne se rend pas compte que l'on tourne les pages. Les cent quarante-quatre pages du recueil sont d'ailleurs très vite lues - ce qui n'est pas un défaut pour moi, au contraire, puisque cela signifie que j'ai été complètement pris par l'histoire.
Les personnages principaux sont attachants et ont de la profondeur. Les secondaires sont également bien campés et ne sont pas de simples faire-valoir. 

Le seul petit bémol que je mettrai concerne quelques anachronismes mineurs dans la première nouvelleMais cela ne nuit absolument ni au déroulement de l'histoire, ni n'a d'impact sur sa cohérence. C'est juste pour faire mon pénible.

En conclusion, je dois dire que j'ai été très agréablement surpris par cet ouvrage. L'exercice de la nouvelle est plus compliqué qu'il n'y parait, parce qu'en très peu de pages, l'auteur doit être à même de mettre en place une ambiance et de mener à bien un récit. Il se doit donc d'aller à l'essentiel. Danny Mienski l'a bien compris et nous livre un (des) récit(s) prenant(s) et très touchant(s).


Note : 14/20

Les temps maudits de Danny Mienski
Éditions Ex Æquo / Atlantéïs / 2017
ISBN : 978-2-35962-937-8
144 p. / 13€

À noter que la couverture et les illustrations intérieures ont été réalisées dans le cadre d'un atelier avec des lycéens de la région de Nantes.
Je signale également que Danny Mienski vient de publier dans le dernier numéro de Galaxies, une nouvelle très sympathique qui revisite le mythe du Prêtre Jean et qui est dans le ton de la première histoire des "temps maudits". Je vous recommande vivement sa lecture.

mercredi 7 juin 2017

Chroniques cruelles d'hier et de demain de Boris Darnaudet

Après l'enthousiasmant "Quaillou" de Sylvain Lamur qui - scoop ! - connaîtra une suite en 2018, je me suis plongé dans ces "Chroniques cruelles d'hier et de demain" de Boris Darnaudet - un auteur que je ne connaissais pas non plus et qui nous a malheureusement quitté en 2015. Cet ouvrage reprend l'intégralité de la prose publiée par l'auteur, dont le roman "Projet Obis", précédemment publié chez Rivière Blanche et épuisé depuis quelques temps. 
J'ai franchement passé un très bon moment à dévorer ce recueil (qui se compose de trois romans, d'une novella et de nouvelles réunis par le père de Boris, François Darnaudet) abordant différents genres des littératures de l'imaginaire tout en étant très homogène en terme de qualité. J'ai apprécié de goûter à la fois au fantastique, à la science-fiction voire à l'heroic-fantasy en un seul volume !

Dans "Chroniques de Don Emilio - La colère des Dieux Aztèques", nous suivons les aventures de Don Emilio, un hidalgo désargenté, qui suite à un étrange cambriolage, se voit contraint de s'embarquer pour le Nouveau Monde, dans le sillage des conquistadors. Là, dans cette Amérique à feu et à sang, il va être le témoin d'événements singuliers. Il rencontrera des êtres fantastiques et sera amené lui-même à les combattre car il a un don inné pour la magie...

Ces chroniques de Don Emilio sont une excellent entrée en matière. L'écriture y est tonique, sans fioriture - mais pas simpliste - et très agréable. Le découpage en très courts chapitres - il s'agit à la base de nouvelles regroupées pour en faire un roman - permet là aussi d'aller à l'essentiel. 
Bien que nous ayons affaire à un petit noble espagnol confronté à la fin de l'Amérique précolombienne, on sent clairement qu'il y a derrière tout cela un hommage à Rob E. Howard et son Cimmérien. Rien que le premier chapitre rappelle grandement la nouvelle "La tour de l’éléphant", puis les différentes aventures que vit Emilio sont dans la même veine que celles du plus célèbre des barbares. Mais - et cela est très important - nous avons ici un très bon roman d'aventures mâtiné d'heroic-fantasy (à moins qu'il existe un terme précis pour ce genre d'ambiance "conquistador fantasy") et on se laisse prendre au jeu sans aucun problème. 
Le récit est bien construit, l'atmosphère parfaitement rendue et les créatures imaginées par l'auteur sont réellement charismatiques voire iconique (en premier lieu les terribles Tzitzimime, qui bien que n'étant objectivement qu'une énième déclinaison du zombie n'en sont pas moins originaux). De plus, Boris Darnaudet sait si habilement jouer avec les faits et personnages historiques que cela donne une œuvre  tout à fait originale.

Projet Obis est un roman post-apocalyptique. Sur une Terre dévastée par un ultime conflit, un homme se réveille et découvre qu'il ne sait rien - même pas son nom. Adoptant celui de Caution (comme écrit au-dessus de son sarcophage), il part explorer ce monde dont il ignore tout. Il découvre néanmoins assez vite qu'il est doté de capacités de combat qui vont bien au-delà de la moyenne. Il apprend également que ce qui reste de l'humanité est dirigée par une élite vicieuse : l'Ultime Alliance, qu'il va être amené à combattre...

Bien qu'abordant un genre assez classique de la science-fiction, ce court roman est malgré tout un "page turner" comme disent nos amis d'outre-atlantique. En découvrant le monde en même temps que le protagoniste de l'histoire, on veut savoir où tout cela va le (nous) mener. Les influences de Philip K. Dick sont ici assez évidentes à la fois dans l'atmosphère ("La vérité avant-dernière") et dans l'intrigue qui se complexifie au fur et à mesure que le dénouement approche. Quoiqu'il en soit, Boris Darnaudet s'en sort également haut la main et nous livre une histoire très plaisante aux réminiscences de films de série B des années 80 (et c'est loin d'être un défaut pour moi !), qui en utilisant des références familières du genre post-apo réussit néanmoins à être innovante. Les scènes de combats  - très bien écrite - sont le petit plus.

Dans "Le Cycle du Cube", Boris Darnaudet nous entraîne dans différentes époques (la préhistoire, l'époque sumérienne, les Croisades) à la suite d'un mystérieux cube renfermant une force obscure qui corrompt tous ceux qui s'en approche...

Ce cycle, qui se compose de nouvelles est malheureusement resté inachevé, ce qui est très dommage car la trame et l'idée de départ étaient très bonnes et prometteuses. Quoiqu'il en soit, en ce qui concerne ce qui a été effectivement écrit, est très plaisant. Les personnages sont intéressants, complexes et variés. Le fait que l'histoire se déroule sur plusieurs époques couplé au format court des nouvelles permet là aussi d'avoir un style tonique, varié et incisif. Tout va très vite et l'action est très présente. De plus, l'atmosphère assez noire de l'ensemble est très bien rendue, quelque soit la période.

Nindô est le dernier roman sur lequel travaillait l'auteur. Il s'agit d'un roman de fantasy médiévale se déroulant au Japon.
Ushida, un laissé pour compte sans aucun talent se retrouve en possession d'une épée douée d'une vie propre et qui surtout, permet à son possesseur de détenir des talents incroyables de combattant. Il va se retrouver malgré lui au milieu d'une lutte en plusieurs clans rivaux, clans ayant des facultés magiques...

Là encore, cette œuvre inachevée commençait incroyablement bien. L'intrigue de départ, les personnages, l'atmosphère, tout est d'excellente facture. On sent vraiment que Boris avait une attirance particulière pour les arts martiaux, les samouraï et toute la culture nippone. Les phrases sont admirablement bien construites et permette réellement de retranscrire cette atmosphère d'estampe japonaise. On aurait aimé pouvoir suivre Ushida et son épée Murusame jusqu'au bout de leur périple...

Pour ce qui est des nouvelles, j'en ai trouvé quelques unes un peu en dessous du reste de l'ouvrage, mais certaines sont vraiment marquantes et interpellantes, comme par exemple "Le sas" et surtout "La nuit du Bayou".
"Le Sas" raconte l'histoire d'un employé en charge du sas qui permet l'accès à une cabine un peu spéciale puisqu'elle permet de régler les problèmes de surpopulation...
Ce récit très court est vraiment percutant. Le monde futur décrit par l'auteur fait froid dans le dos et la déshumanisation est réellement bien retranscrite.
Dans "La nuit du Bayou", on suit les aventures de trois compagnons hauts en couleurs qui vont tout mettre en œuvre pour retrouver une jeune fille disparue. La traque du coupable les mènera jusque dans le bayou de la Nouvelle-Orléans, où ils vont rencontrer des êtres très singuliers...
Ce texte un peu plus récréatif que les autres (à part sans doute "Le Père Léon"), dans la mesure où l'auteur se permet de convoquer des pastiches des héros des "Mystères de l'Ouest" et de mettre sur pied une équipe de stéréotypes du far west totalement improbable. Comme il est judicieusement dans le texte introductif de cette nouvelle, on sent malgré tout l'influence de Mark Sumner ("La Tour du Diable" et "Le train du Diable" que je vous recommande), mais il y a pire comme référence ! Quoiqu'il en soit, cette histoire n'en est pas moins prenante et opère comme une bouffée d'air frais dans ce recueil parfois très sombre.

Il en ressort de cette lecture que Boris Darnaudet était un très bon conteur qui savait créer des atmosphère et des univers qui, même s'ils n'étaient pas inédits, n'en étaient pas moins originaux, car il savait y mettre sa patte. Les chroniques de Don Emilio et Nindô font parties des meilleures récits d'aventures fantastiques que j'ai lu jusqu'ici - grâce notamment au soin apporté par l'auteur pour créer un univers historiquement cohérent mais qui bascule petit à petit dans le fantastique débridé. J'aime beaucoup la manière dont il procède pour faire pénétrer l'extraordinaire dans l'ordinaire et le faire paraître parfaitement logique. Il faut également souligner les scènes d'action qui sont très bien retranscrites et qui donnent un vrai souffle à tous ces récits.

J'ai beaucoup apprécié également les explications proposées avant chaque récit, qui permettent de resituer ceux-ci dans leur contexte, et dans la vie de l'auteur. Cela donne à voir le processus de création et la construction d'un auteur et de son œuvre.

Décidément, Rivière Blanche est vraiment une maison d'édition à suivre, tant elle propose des pépites. Même s'il est vrai que le décès de Boris Darnaudet donne à  ces chroniques une saveur douce-amère, puisque l'on sait que cet auteur de talent, qui savait raconter les histoires et mettre en place des atmosphères, ne publiera plus jamais. Savoir que nous tenons entre les mains l'intégralité de son œuvre - en plus de la qualité intrinsèque de l'ouvrage - rend ce livre encore plus touchant, comme un ultime - et magnifique - hommage à Boris Darnaudet.

Note : 17/20

Chroniques cruelles d'hier et de demain de Boris Darnaudet
Rivière Blanche / 2016
ISBN : 978-1-61227-520-8
312 p. / 18€

Pour acheter ce livre, allez faire un tour sur le site de Rivière Blanche

vendredi 12 mai 2017

Quaillou de Sylvain Lamur

Aujourd'hui, pas de bande dessinée, mais un (très) bon petit roman de science-fiction signé Sylvain Lamur, un auteur que je ne connaissais pas avant, mais que je vais désormais suivre avec attention. Ce qui m'a tout de suite attiré dans ce roman, c'est son titre, à la fois énigmatique et très parlant. Ensuite, le résumé et surtout le nom du protagoniste principal ont fait le reste... Pour mon plus grand plaisir !

Alors qu'ils sont en route pour une galaxie lointaine afin d'y négocier un contrat commercial, Quentin Quonnard (avec un Q !) et son associé Weddie percutent de plein fouet un astéroïde. Miraculeusement, Quentin s'en sort indemne - ce qui n'est pas le cas de Weddie. Pensant tout d'abord qu'il est lui aussi passé de l'autre côté - vu les étranges phénomènes qui se produisent - il se rend finalement à l'évidence que, aussi bizarre que cela puisse paraître, l'astéroïde, qu'il a rebaptisé Quaillou (avec un Q !), semble à l'écoute de ses désirs, et surtout, qu'il les réalisent ! N"importe qui s'en serait contenté. Mais pas Quentin Quonnard qui décide de quitter son Quaillou et de retourner à son ancienne vie. Malheureusement pour lui et ses proches, le terrible Helb-Feldt n'a pas apprécié d'être planté par Quentin et son associé. Il va tout mettre en œuvre pour faire de la vie de Quentin un cauchemar. Peut-être aurait-il mieux fait de rester son sur Quaillou...

Comme vous l'avez sans doute compris, j'ai réellement passé un très bon moment en lisant ce roman. L'idée de départ est excellente, les personnages principaux sont excellents : Quentin, le queutard inconditionnel, héros malgré lui, et Helb-Feldt le magistral connard (avec un C) capitaliste fou dangereux et véreux (n'en jeter plus !). Les seconds rôles valent également le détour avec une galerie bariolée d'extraterrestres de toutes les couleurs et de toutes les formes. De plus, l'univers imaginé par Sylvain Lamur qui semble d'un côté très classique, mais de l'autre foisonnant de bonnes idées (le Sage du Fin fond de l'Espace est tout simplement fantastique).
Enfin, le déroulement du récit en trois phases est vraiment très efficace. Les situations s'enchaînent parfaitement et sans temps morts. Dans un premier temps, Quentin découvre son Quaillou, en profite, mais s'ennuie très vite. Deuxième temps, Quentin veut retrouver sa vie d'avant et s'enfuit donc du Quaillou, malheureusement pour lui, sa vie bascule complètement à cause d'Helb-Feldt. Enfin, dernier temps, Quentin retrouve son Quaillou et décide de régler ses différents problèmes. 
Les différentes atmosphères du roman sont aussi très réussies. Entre l'onirisme presque pastoral du début et l'ambiance très "dickienne" à partir du moment où la machination imaginée par Helb-Feldt se met en branle et se referme sur Quentin, tout est bien rendu et fonctionne parfaitement grâce au talent de l'auteur. 

Le style de Sylvain Lamur est fluide, imagé et percutant. Il n'y a pas de chichis, on va a l'essentiel et c'est ce qui est bon. Le découpage du récit en chapitres très courts concourt également à cette sensation que l'action ne s'arrête jamais, qu'il se passe toujours quelque chose, et surtout, que l'on veuille connaître la suite des aventures échevelées de ce pauvre (quoique) Quentin Quonnard.
On retrouve vraiment l'esprit des romans de science-fiction de la défunte collection Anticipation de chez Fleuve Noir (voir ici et ), mais avec en plus une qualité d'écriture et de structure de récit un poil plus poussées que dans les deux exemples cités précédemment. 
Ce qui fait également le plus du style de Sylvain Lamur, c'est l'humour qui est omniprésent tout le long du récit. Le protagoniste a toujours un certain recul sur ce qui lui arrive et sur lui-même, ce qui crée un décalage très amusant à certains moments.

En conclusion, je peux dire que j'ai vraiment apprécié ce moment passé avec Quentin et son Quaillou. Ce livre est très divertissant - mais pas creux - et surtout extrêmement bien écrit et original. Je le recommande sans hésitation à ceux et celles qui aiment la science-fiction rafraîchissante et imaginative, sans prise de tête. Quant à moi, quand Sylvain Lamur sortira son prochain ouvrage, je me jetterai dessus les yeux fermés.

Note : 16/20

Rivière Blanche / Collection Blanche / 2151 / 2017
ISBN : 978-1-61227-623-6
256 p. / 20€

Je voudrais quand même juste mettre un petit bémol en ce qui concerne la réalisation de l'ouvrage lui-même. En effet, l'exemplaire que j'ai lu était bourré de problème de typographie (des lettres, voire des mots se chevauchaient et la justification était bancale à certains endroits) et de fautes de frappes (ou autres problèmes de relecture comme des noms orthographiés de manière différentes à quelques pages d'intervalle). Je me permets d'indiquer ceci dans ma chronique, car cela m'a énormément étonné de la part de Rivière Blanche, qui d'habitude fourni un travail irréprochable. J'espère sincèrement avoir été malchanceux et être tombé sur l'exemplaire défectueux, car ce genre de soucis pourrait refroidir les lecteurs découvrant ce merveilleux éditeur avec ce (très bon) titre, et pourraient passer à côté de véritable pépites.
Quoiqu'il en soit, je vous encourage vivement à aller faire un tour sur le site de Rivière Blanche / Hexagon Comics et à vous faire plaisir, car il y a vraiment du très bon !

samedi 4 mars 2017

Mon Journal en revues de Dominik Vallet

Aujourd'hui, juste un petit post pour vous parler d'un ouvrage consacré aux publications de l'éditeur Aventures et Voyages, plus connu du grand public, sous le nom de Mon Journal. Comme vous le savez sûrement si vous suivez mon blog depuis quelques temps, j'ai une tendresse toute particulière pour ces revues illustrées - et plus particulièrement pour celles de cet éditeur - dont je n'ai malheureusement connu que l'épilogue. Même si le valeureux Cap'tain Swing, essaie tant bien que mal de poursuivre l'aventure d'une époque désormais révolue.

Dans ce livre, Dominik Vallet - docteur ès petits formats - répertorie une à une toutes les revues publiées par Mon Journal depuis sa fondation après-guerre par Madame Bernadette Ratier jusqu'au milieu des années 2000.
De A comme Antarès (super revue de science-fiction et de fantastique que je redécouvre aujourd'hui avec joie) ou Atémi (revue traitant essentiellement de karaté et autres arts martiaux) à Y comme Yataca (qui a débuté comme revue abritant un énième tarzanide et qui finira en revue de football), en passant par Janus Stark (une série incroyable), Sunny Sun (tentative mi-figue mi-raisin - en tout cas, moi j'aime - de l'éditeur d'avoir son propre super héros), ou bien évidemment En Piste (revue qui connue 2 séries et traitant essentiellement de football dans la seconde) qui a été mon premier "vrai" contact avec les petits formats à la fin de mon enfance.

De plus, pour chaque publication, Dominik Vallet fait un inventaire de toutes les séries qui y ont été publiées avec un résumé, le nom des auteurs et les publications d'origine - s'il s'agit de bandes dessinées d'origine étrangère - et les éventuelles réédition dans d'autres revues de l'éditeur.

Bref, nous avons ici un panorama complet de tout ce que Mon Journal a édité et inutile de dire qu'il y a beaucoup de matière et qu'il y en a pour tous les goûts.  C'est un véritable travail de fourmi auquel s'est livré l'auteur et surtout, c'est passionnant, quand - comme moi - on s'intéresse à l'histoire de la bande dessinée et des petits formats en particulier.


Mon Journal en revues de Dominik Vallet
Temps Impossibles / 2016
ISBN : 978-1-326-86038-7
200 p. / 25€

Pour vous procurer cet ouvrage, rendez-vous sur le site Tempsimpossibles et faîtes votre marché, car Dominik Vallet a également publié trois autres ouvrages se rapportant aux petits formats et qui sont tout aussi passionnants. (Cliquer sur la couverture de l'ouvrage désiré pour accéder à sa fiche technique et le commander sur le site de Temps Impossibles)

mardi 28 février 2017

Les rats de Montsouris de Léo Malet

Aujourd'hui, pas de bande dessinée, mais un roman - policier ou plutôt polar - pour changer un peu et varier les plaisirs. 
Ça faisait presque un an que je n'avais pas parlé de mes lectures, depuis le très prenant "Le Club" de Michel Pagel - plus par manque de temps que par manque d'envie. Alors pourquoi reprendre avec ce "classique" ? 
Sans doute parce que j'ai découvert Nestor Burma avec l'adaptation de Tardi de "Brouillard au Pont de Tolbiac" il y a très longtemps et que depuis dès que je tombe sur un roman des Nouveaux Mystères de Paris, je le lis avec un plaisir non dissimulé.

Alors que la capitale étouffe sous un été caniculaire, un ancien truand du nom de Ferrand téléphone à Nestor Burma. Il lui demande de venir le rejoindre dans un bar du XIVème arrondissement, mais vêtu comme un clochard et de faire comme s'ils ne se connaissaient pas - alors qu'ils ont été détenus ensemble au stalag pendant la guerre. Après lui avoir donné un autre rendez-vous plus tard, Ferrand révèle à Nestor Burma qu'il a besoin de lui pour un "coup" honnête, pouvant rapporter des millions. Il lui apprend aussi qu'il fait partie des "Rats de Montsouris".
Dans le même temps, un ancien juge déchu pour acte de collaboration prend contact avec le détective parce qu'il est victime d'une affaire de chantage de la part d'un certain... Ferrand.
L'affaire prend une tournure encore plus intrigante - et intéressante - pour Burma, quand Ferrand se fait égorger et que la coupable semble être une rousse incendiaire - muse d'un artiste peintre...

J'ai eu l'impression en lisant le livre qu'il y avait trois temps : j'ai trouvé le début du livre vraiment passionnant, avec les deux affaires - plus celle des "Rats de Montsouris" - qui s'entremêlent alors qu'elles ne semblent, dans un premier temps, ne rien avoir en commun. Les événements et les découvertes s’enchaînent rapidement, jusqu'au meurtre de Ferrand, puis le rythme se ralenti lors de la "traque" de celle qui semble être la coupable idéale, avant de reprendre de plus belle lors de la dernière partie.
Ce qui fait que, tout en ayant en filigrane les cambriolages des Rats et l'affaire de chantage, on a l'impression dans la dernière partie, de lire une toute autre histoire que celle du début. 

Après, avec le recul et pour chipoter un peu, je pourrais presque dire que l'intrigue est un peu vide puisque nous ne saurons pas grand chose, ni sur ces fameux rats de Montsouris, ni sur ce qui sera véritablement l'affaire qui occupera Burma à la fin - à savoir le vol des perles Lascève avant guerre.
Ensuite, les propos un peu "raw" comme dirait Jean-Claude Van Damme à propos des immigrés maghrébins pourraient passer par rapport à l'âge du récit (1955), si l'auteur n'avait pas eu tendance a un peu dérapé sur ce sujet vers la fin de sa vie...

Quoiqu'il en soit, et comme toujours avec Léo Malet, l'écriture est très fluide et surtout très rythmée. Le tout avec une vraie verve et des expressions qui fleurent bon les années 50. Mais ce qui est vraiment marquant dans cette histoire de Burma, c'est le côté surréaliste* - dans le sens artistique du terme - avec dans un premier temps le drôle de buste qui semble être un simili macguffin, puis surtout les poèmes de Castellenot, l'ancien truand qui est interné à Saint-Anne depuis la fin de la guerre. Ces derniers donne d'ailleurs à la dernière partie du livre une atmosphère très particulière. Et rien que pour ça, le livre vaut d'être lu.

Enfin, vu que l'histoire se déroule dans le XIVème - arrondissement cher à mon cœur, déambuler dans celui-ci avec l'ami Nestor (tu permets que je te tutoies et que je t'appelle Nestor ?) dans des rues et des endroits qui ont bercés mon enfance a été très agréable. Même si certains ont changés, ils sont toujours là pour la plupart, à commencer par le protagoniste principal : le réservoir de Montsouris et les images même anachroniques n'ont eu aucun mal à se former dans ma tête lors de la lecture.

En conclusion, j'ai vraiment passé un très bon moment avec Nestor Burma à me promener dans le XIVème arrondissement, à la recherche d'une jolie rousse, puis d'un tas de perles. J'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver les tournures phrases et les expressions si particulière de Léo Malet. "Les rats de Montsouris" est un bon livre, mais qui à mon avis vaut plus pour le côté surréaliste de sa fin que pour son côté polar, et qui est loin d'atteindre les sommets du Brouillard au Pont de Tolbiac qui sortira quelques années plus tard.


Note: 14/20

Les Rats de Montsouris de Léo Malet
Pocket / 2010 (mais récit de 1955)
ISBN : 978-2-266-20203-9
201 p. / 6.95€

* Léo Malet a été lié au mouvement surréaliste dans sa jeunesse et a surtout écrit... de la poésie.
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